La semaine dernière, une nouvelle pour le moins étonnante a retenu mon attention et suscité mon inquiétude. Dans le cadre de ses politiques d'austérité, le gouvernement japonais recommande aux universités…

Ce matin, tous les médias ont les yeux tournés vers Rome. Après une (longue) messe, les cardinaux sont entrés dans la chapelle Sixtine. Extra Omnes! (ce qui signifie « Tous dehors! ») Quelques hommes se sont « retirés du monde » afin d’élire le nouveau pape de l’Église catholique romaine.
Je me suis demandée à quel temps appartenait ce conclave…
Le temps mosaïque? Le « résultat » – une décision prise – paraîtra unanime et toutes les heures des individus qui auront contribué à la faire advenir seront amalgamées dans un seul nom, celui du prochain pape… Mais sans démocratie dans l’Église, de quelle mosaïque parle-t-on?
Le temps maillon? Évidemment, il s’agit d’un processus qui a plus de 1000 ans. Il y a certainement une idée de transmission… Mais le temps maillon sème : les personnes ont le pouvoir de transformer ce qu’elles reçoivent. Le grain du conclave est-il encore vivant?
Le temps en spirale? Évidemment, l’Église a une longue expérience, qu’elle nomme « Tradition ». Mais le temps en spirale nous parle de choses qui évoluent, qui changent en cours de route. Il implique que l’on tienne compte de la réalité. Il implique aussi que l’on veuille avancer. Est-ce que l’Église veut avancer?
Le temps linéaire, alors? Le temps linéaire est social et culturel, il nous dit qu’il y a des stades, des périodes dans l’histoire des peuples. Il nous dit que l’époque dans laquelle nous vivons n’est pas celle d’hier : elle tend vers demain. Est-ce que l’Église est de son temps?
Ce conclave me rappelle plutôt ce que Stephen Covey disait de la mission : elle crée un « espace » hors du temps, entre le stimulus et la réponse. Le Saint-Siège a certainement une mission et c’est en fonction de cette mission qu’on élira l’homme qu’on estimera capable de la réaliser pour les années qui suivent.
Ce conclave, c’est donc un temps, hors du temps et hors du monde, entre les multiples sollicitations que le monde et les catholiques font à l’Église et la réponse de cette Église au monde et aux catholiques. Un temps où cette « décision d’agir » se construira.
Oui mais… Selon Covey, ce temps est fécond et, donc, vivant. Il doit permettre de « produire une réponse adaptée » aux circonstances. Ce temps-là fait naitre un agir situé dans le temps.
Le temps vivant permet à la mosaïque de rassembler sans exclure, au maillon de transmettre une parole vivante, à la spirale de désirer avancer et à la ligne du temps de porter une société bien située dans son époque, soit le XXIe siècle.
Qu’est-ce qu’un temps hors du temps, s’il ne permet pas, ensuite, de sauter à pieds joints dans son temps? Qu’est ce qu’un lieu hors du monde, s’il ne s’ouvre jamais sur le « vrai monde »?
Un temps hors du temps qui cherche à rester tel quel, rigide, retranché dans ses positions proclamées « immuables », n’a rien d’un temps fécond.
C’est un temps mort.
Même si les forces en présence semblent être un temps mort, même si la flamme est faible, j’ose espérer que les forces en présence sauront reconnaître qu’il faut s’ouvrir sur le monde ou alors que les femmes sauront se regrouper pour qu’advienne une autre parole, une parole vivante.
Que j’ai hâte que ces temps changent! Et que les médias mettent le focus sur une autre dimension de l’Église et des croyants.
Il est temps de voir la mosaique des petits gestes au quotidien, semés dans mille et un quartier, aux quatre coins du globe, porteur de vie, de sens pour des chrétiens.
Il est temps de voir la force des maillons depuis 2000 ans et plus. J’aime me relier à St-François d’Assise, ce cher maillon du moyen-âge, notre premier grand écologiste, amoureux de la Terre féconde.
Il est temps de voir le temps spirale pour nous permettre de vivre avec notre temps. Allez, je vais me brancher sur Internet et chanter avec les moines de Taizé pour bien démarrer ma journée…
Commentaire prémonitoire!
Christine