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CC Pixabay.com
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« Et si le temps était beaucoup plus riche et plus complexe que celui qui court sans arrêt vers le progrès, s’il pouvait aller ailleurs que vers le sommet d’un plan incliné? S’il pouvait aussi aller vers la profondeur, s’arrêter et même marquer un recul? S’il était aussi éternel, immobile et même, en de très courts instants, parfait? S’il pouvait aussi s’étendre aux autres, se fondre dans le temps des autres ou se gonfler du temps des autres? Si le chemin était quelque chose d’autre qu’une piste étroite et balisée? Et si le temps n’était pas un, mais multiple et varié, un éventail de couleurs ouvert à chaque heure de notre vie? Si tous ces temps qui ont déjà existé existaient encore et si nous les avions simplement oubliés ou mis de côté?

Et si la structure, la méthode, la rationalité et l’utilité cédaient un peu le pas à la fantaisie, à l’intuition, à l’émotion et à la créativité? Si nous nous mettions à affirmer que la curiosité et l’écoute sont des choses qu’aucune machine ne peut remplacer? Si nous nous mettions à les considérer comme des sources inépuisables d’enrichissement du temps et non plus comme des obstacles à l’efficacité? Comment donner sens à notre temps, découvrir ce qui le rend noble et bon à nos propres yeux d’êtres humains? Comment redécouvrir que son cours est large et généreux? Peut-être pourrions-nous voir alors que le réduire à un plan d’action, comme peut le faire une équipe de gestion habile ne pourrait que l’étouffer, le réduire et même le tarir?

De nos jours, nous avons tendance à mettre tout le sens de notre vie dans un plan de carrière et nous ne savons plus poursuivre nos rêves qu’en recourant aux outils managériaux. C’est que, dans la vie, tout est une question de pratique. Si nous sommes passés maîtres dans l’art de structurer et de mesurer, nous avons perdu, du côté de la disponibilité et de la gratuité, bien de la dextérité. Face à l’entreprise toute-puissante, qui est le modèle prédominant et idéalisé ainsi que le cadre dans lequel nous évoluons pendant la plus grande partie de notre temps de veille, il est difficile de prendre assez de recul pour s’affirmer comme sujet. C’est David affrontant Goliath, à longueur de journée. »


L’été! Quelle belle saison pour découvrir ou redécouvrir la générosité du temps!

C’est la grâce que je me souhaite, et que je vous souhaite, durant les vacances!

Je reprendrai ce blogue en septembre prochain.

 

 

Extrait de : À contretemps. Gérer moins, vivre mieux, Fides, 2011, p. 106

 

 

Cet article comporte 5 commentaires

  1. Ton texte rejoint mes prises de conscience concernant le soin qu’il faut accorder aux personnes quand on travaille en équipe ou en groupe. Ça prend du temps, mais c’est essentiel pour avancer ensemble. J’ai si souvent expérimenter que « seule on va plus vite mais avec d’autres, on va plus loin ».
    Merci Christine et bonnes vacances!

  2. Et même l’été, il faut se rappeler que nous devons prendre le temps du temps… Oui, si le soleil est là pourquoi ne pas changer ses plans et en profiter et faire ce qu’il y a à faire dans un autre temps, un temps pluvieux ou même garder le plan, mais le faire dehors au soleil ou à l’ombre de son arbre préféré…
    Bon été à toi.
    Du soleil en toi, pour chacune des prochaines journées et au plaisir de retrouver ton billet septembre revenu…

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