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+1 (514) 767-4596 info@christinelemaire.com
  • Baccalauréat et Maîtrise en histoire (Université de Montréal)
  • Baccalauréat en Gestion des Affaires (HEC)
  • Docteure en Sciences humaines appliquées (Université de Montréal). La thèse porte sur le rapport au temps (voir onglet Doctorat)
  • J’ai travaillé plusieurs années dans les entreprises suivantes:

    – Imprimeries Transcontinental
    – Imprimeries Québecor
    – Provigo

  • J’ai deux enfants

Au cours de mes recherches sur le temps et la gestion du temps, j’ai lu cette réflexion d’un gestionnaire que je vous livre de mémoire : « Le monde des affaires et la « science managériale » ont découvert que des employés heureux sont plus productifs. Mais si on avait découvert que ce sont les employés malheureux qui donnent le meilleur rendement, on aurait fait l’impossible pour qu’ils le soient. »

Cette remarque, faite dans les années 1960, est toujours d’actualité en cette ère de néolibéralisme triomphant. L’organisation fera toujours passer ses intérêts avant les nôtres. Si nos intérêts respectifs convergent, il ne s’agit que d’une heureuse coïncidence. Et il est tout à fait normal qu’il en soit ainsi. En conséquence, les personnes avisées feraient bien de ne pas trop se fier sur l’entreprise pour combler leur besoin de bonheur.

Pourtant, c’est ce que nous faisons chaque jour en « gérant » notre temps.

Car la gestion du temps a été développée d’après les principes de base de la gestion dans le monde des affaires : sa planification, son organisation, son utilisation et son contrôle sont régis en fonction des valeurs et des préoccupations de l’organisation. L’inverse est aussi vrai: si l’entreprise veut comprendre ses employé-e-s profondément et dans toute leur richesse d’humains, elle ne peut pas se fier uniquement à la gestion.

Les méthodes de gestion du temps ont été élaborées par des auteurs qui évoluent avec plaisir et aisance dans le contexte très particulier des organisations. Ils s’y sentent bien, au point de vouloir le reproduire dans tous les autres domaines de leur vie. On en parle souvent comme des battants, des gagnants, des gens performantsénergiques, etc. Ils sont convaincus que leurs méthodes nous rendront plus heureux puisqu’elles sont efficaces pour eux-mêmes.

Pour ma part, j’ai côtoyé toute ma vie des personnes qui vivent mal dans ce temps géré. Des gens qui ne se sentent pas interpellés par l’idée d’en faire toujours plus, d’aller au-delà de leurs limites, de donner leur 110% ou de sortir de leur zone de confort. Ces gens désirent accomplir du bon boulot et profiter de la vie, sans être pour autant paresseux ou médiocres. Ils n’ont simplement pas la même idée de ce qu’est une vie réussie.

Pourtant, les premiers prétendent vouloir enseigner aux seconds l’art d’être heureux.

À mes yeux, c’est une cause de l’incompréhension profonde des uns envers les autres dans une « quête de rendement ». Cela engendre les problèmes sociaux que nous connaissons: du côté des personnes, détresse professionnelle, prise d’antidépresseurs en quantité, burnout; du côté des entreprises, gonflement sans précédent des coûts des programmes d’assurance santé et médicaments.

Quel que soit notre camp, notre temps est notre premier compagnon de vie. Nous avons de la vie tant que nous avons du temps. Notre rapport au temps est donc garant de la qualité de notre vie. Apaiser son rapport au temps, c’est littéralement changer sa vie et son rapport au monde.

Or, aujourd’hui, tout est possible. Tout est possible en même temps et en toutes circonstances. Et ces possibles sont infinis. Cela peut nous donner l’impression de courir sans ne jamais rien atteindre, de perte de sens allant jusqu’à l’absurdité, un sentiment de dispersion et d’impuissance. Le temps est alors sévère, avare et étroit. C’est ce qu’évoque La surchauffe de nos agendas.

Selon Einstein, un problème ne se règle jamais au même niveau où il a été créé. Si on suit sa logique, il faudrait arriver à sortir du cadre temporel mis en place par le monde des affaires. Il faut proposer d’autres images que celui du temps géré comme de l’argent ou comme une ressource à exploiter. Il faut réinventer notre rapport au temps.

Mon espoir est que les images que je propose dans mes deux ouvrages et au fil des parutions de ce blogue – un temps multiple, généreux et vivant, un temps que l’on peut aborder comme un écosystème, traversé de flux d’énergies, secoué par nos émotions, souvent maltraité, éternel quand on réussit à toucher la beauté du monde, puissant de tous nos temps emmêlés — que toutes ces images puissent nous amener à favoriser l’épanouissement d’autres valeurs qui mèneront à des comportements plus sains pour nous-mêmes, les autres et notre environnement. Je propose d’observer notre temps pour le comprendre, et co-créer notre vie avec lui. Je propose, enfin, de le soigner et de le respecter afin de le vivre de façon plus harmonieuse.

Il me semble évident qu’une personne pressurisée par son temps n’a aucun respect, aucune bienveillance pour celui des autres. Elle n’en a pas davantage pour son environnement. Quand on s’exploite soi-même du matin jusqu’au soir — en exploitant son temps au maximum — on se trouve exactement dans la même logique et le même élan que les exploiteurs de la nature, des peuples qui travaillent à remplir les étagères de nos magasins, des animaux qui se retrouvent sur notre table.

Dans la vie quotidienne des personnes poussées à bout, il y a bien peu de place pour les interrogations existentielles. Quand la compétence d’une personne ne se résume plus qu’à sa capacité à gérer plusieurs projets à la fois, elle n’a souvent plus d’énergie pour se demander si elle ne pourrait pas pratiquer son métier dans un endroit qui correspondrait davantage à ses valeurs. Un être fatigué ne veut pas voir que sa conjointe le boude, que son enfant est en train de vivre une expérience pénible. Au propre comme au figuré, il a du mal à garder les yeux ouverts.

La fatigue ordinaire, c’est-à-dire celle qui ne mène pas nécessairement à l’épuisement professionnel, est pernicieuse; elle engourdit plus qu’elle ne terrasse. Et surtout, elle est un cercle vicieux. Plus on est fatigué, moins on a le goût d’agir sur cette fatigue. Plus on est fatigué, plus on est idiot, agressif et manipulable. Les gens fatigués posent moins de questions, ils trouvent peu d’énergie pour s’indigner ou pour s’occuper de l’objet de leur indignation. Ils se sentent plutôt accablés, cyniques et fatalistes : «C’est comme ça!» Et, pendant qu’ils s’agitent, le monde peut continuer de tourner sans eux. Nous sommes bien loin des idées lumineuses du progrès humaniste.

Ainsi, mon désir de réduire cette surchauffe de nos agendas est, dans un temps que je nomme mosaïque,  ma contribution à la lutte contre la surchauffe de notre climat, mon espoir manifesté en un monde plus juste parce que plus responsable et plus citoyen, réconcilié avec lui-même parce que réconcilié avec son temps.

 

Je suis Christine Pascale Lemaire née à Sorel, dans les années 1960. J’ai voulu très jeune devenir maîtresse d’école, puis l’histoire m’a saisie et passionnée. J’ai une maîtrise en histoire et le sujet de mon mémoire portait sur la perception que les étudiantes nouvellement admises à l’Université de Montréal avaient d’elles-mêmes ainsi que sur celle de leur confrères, dans les années 1930 et 1940. Première lancée dans l’histoire des idéologies.

Puis, j’ai voulu appliquer à la vie qui bouge le sens de l’analyse que j’avais acquis en histoire. J’ai opté pour un baccalauréat à l’École des Hautes Études commerciales, option Marketing. J’ai ensuite travaillé pour de grandes entreprises québécoises: Trancontinental, Québecor, Provigo. J’y ai occupé les postes de représentante, puis de gestionnaire en mise en marché.

Je devais bien avoir dix ans quand j’ai fait mon premier horaire. J’avais découpé chaque case dans un papier de couleur différente selon le type d’activité, tout cela bien collé derrière la porte de ma chambre. J’ai su très vite qu’une journée a 24 heures, et une semaine 168. Les débuts d’années scolaires et surtout le Nouvel An ont toujours été pour moi des périodes extrêmement stimulantes. Encore aujourd’hui, je ne termine jamais une année sans en faire le bilan et je n’en commence jamais une autre sans prendre de résolutions. Les premiers jours de janvier sont toujours parfaits, jusqu’à ce que mon humanité me rattrape!

Au cours de mes études puis de mes emplois successifs, les techniques de gestion du temps ont été au cœur de l’organisation de mon travail. La gestion du temps est une façon très rationnelle de concevoir la vie et cela m’a toujours plu énormément. J’ai lu et relu certains auteurs comme Jean-Louis Servan-Schreiber ou Stephen Covey en éprouvant un sentiment de totale admiration. Aujourd’hui encore, j’éprouve un grand plaisir à lire les ouvrages de gestion du temps.

Pour tout et en toutes circonstances, j’ai établi des objectifs et des plans d’action. Je savais alors avec exactitude ce que je voulais être et faire dans 20, 10, 5 ans et ainsi de suite, jusque dans la semaine en cours. Et cela m’a beaucoup servi puisque, sans cette réflexion constante, je ne serais sans doute pas ici, aujourd’hui, en train de faire ce qui me plaît le plus dans la vie, c’est-à-dire écrire.

Si je suis une passionnée du temps, c’est que je suis une passionnée tout court. Une multitude de sujets m’intéressent, j’ai toujours voulu faire un tas de choses. Mon seul problème a toujours été mon grand besoin de sommeil. Je ne suis pas de ceux ou celles qui peuvent dormir quatre heures et vivre à plein les 20 heures qui restent. Mes 14 à 16 heures quotidiennes de vie consciente, j’ai toujours voulu les remplir à ras bords, sinon à craquer. Vivre à plein, pour moi, c’était ça.

Jusqu’au jour où mon fils est né…

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