Un objectif s’élabore dans un espace bien circonscrit que les théoriciens de la gestion du temps nomment «zone d’influence*». Cette zone délimite les domaines et les lieux où nos actions peuvent…

Le 29 septembre est le jour de la Saint-Michel. Une journée qui, en France comme en Nouvelle-France, tenait lieu de date butoir: début ou fin de contrats, moment où les censitaires devaient payer leur dû à leur seigneur, etc… On dit aussi qu’« à la Saint-Michel, la chaleur remonte au ciel. »
Saint Michel est un prince, une méga star du panthéon chrétien: il est, avec Raphaël et Gabriel, au sommet de la hiérarchie céleste. Ses charges sont importantes. Il a chassé le démon du paradis et, si saint Pierre en détient les clés, c’est à saint Michel que revient le pouvoir de peser les âmes pour leur en permettre ou non l’entrée.
Son origine remonte au judaïsme. Michel veut dire en hébreu « qui est comme Dieu ». De fait, il en serait le premier intendant.
Saint Michel aurait été de ceux qui ont parlé à Jeanne d’Arc pour la convaincre d’aller sauver la France. Cette histoire inspire à Guy Deleury le titre du chapitre qui lui est consacré: « Michel Archange ou la Fête de la Voix intérieure.»*
Et c’est ici que cette figure légendaire commence à me parler, à moi aussi.
Nous avons tous et toutes entendu, en certains moments de nos vies, cette fameuse « voix intérieure » qui nous indique le chemin à suivre. Un jour, alors que je vivais un épisode douloureux et une incertitude extrême, une amie m’a conseillé: « Écoute ta petite voix. » Bien sûr, cette voix est quelquefois si « petite », justement, que le bruit dans notre tête et autour de nous la couvre totalement. Mais j’ai suivi son conseil et persisté à écouter. En d’autres mots, j’ai décidé, ce jour-là, de me faire confiance.
Certains la nommeront « intuition », d’autres « bon sens », d’autres encore « ange », « Dieu » ou tout autre nom d’un-e représentant-e d’en haut.
Ce qui me fascine de saint Michel, c’est qu’il met en image trois caractéristiques fondamentales de cette petite voix.
La première est le fait qu’elle soit « comme Dieu » en nous. C’est le signe de sa puissance, de sa sagesse et de sa clairvoyance. La seconde est qu’elle représente le Bien en nous, puisqu’elle a le pouvoir de chasser le mal. Enfin, cette voix intérieure nous aide à discerner: à peser le pour et le contre et à faire des choix.
Tout compte fait, que Jeanne la Pucelle ait entendu ou non la voix de saint Michel importe peu; il est certain qu’elle écoutait sa propre voix intérieure. Son procès aurait manifesté, selon Deleury, l’opposition de la foi paysanne aux préceptes et commandements de l’institution catholique.
Notre « voix intérieure » est garante de notre libre arbitre et, ce faisant, de notre autonomie. Elle nous protègera du prêt-à-penser, des idées imposées, des intégrismes. Elle est notre guide le plus sûr.
La Saint-Michel est donc une belle occasion d’honorer et de célébrer cette petite voix.
* DELEURY, Guy. « Michel Archange ou la fête de la Voix intérieure ». Les fêtes de Dieu; la foi, l’histoire, les mythes, Paris, Philippe Lebaud, 1994, pp 121-165
Effectivement, cette voix est souvent bien petite d’où l’importance de faire silence en nous et autour de nous. D’autre part, j’ai réalisé récemment qu’il fallait apprendre à lui faire confiance même si souvent elle nous paraît bien marginale comparée à celles de notre entourage et de la société.
Merci Christine pour cette sage réflexion.
Bonjour Christine,
Toujours intéressant et surtout interpelant tes articles. Le silence…est souvent l’axe d’où émanent les grandes réflexions, les bonnes idées et… la fantaisie. C’est ce que j’appelle entendre les appels de Dieu en moi et me mettre en état de grâce pour y répondre.
Merci . Te suivre est souvent » hâlant » mais si enrichissant.
Tante Jeannine
Ce texte me touche et me questionne..
Tu as le don d’expliquer la continuité dans l’histoire du monde.
De Saint-Michel jusqu’à notre propre voix intérieure, j’ai compris que c’est plus facile d’agir
quand on se fait confiance
Après la petite voix, St-Michel nous aidera aussi à terrasser nos dragons….
Que c’est bon de te lire Christine. Ta réflexion nous apporte toute une autre dimension, ta connaissance de l’histoire, du sacré nous aide à nous envoler un peu plus haut … pour mieux revenir ensuite les pieds sur terre et donner sa place à notre petite voix.
Merci.
Écouter notre voix intérieure, mais il est de plus en plus difficile d’écouter notre petite voix intérieure quand nous sommes bombardés de choses à faire toujours pour hier et de courriels qui rentrent à tous les instants et dont les auteur-e-s attendent la réponse dans l’instant même. Et pourtant, et pourtant, oui, il faut se donner le temps d’écouter notre voix intérieure. Plus on l’écoute, plus on lui laisse l’espace pour éclairer nos décisions, plus nous serons satisfait-e-s de nos choix.
L’histoire, ce fil qui nous rattache au temps qui passe, nous permet une réappropriation de sagesse passée avec un ancrage moderne.
Merci de cette capsule sur Saint Michel Archange.