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Trois ans après sa sortie dans le journal The Atlantic, l’article d’Anne-Marie Slaughter intitulé Pourquoi les femmes ne peuvent pas encore tout avoir? suscite encore la discussion. Il y quelques semaines, son mari, Andrew Moravcsik, y apportait sa contribution.

Sa réflexion porte sur la coparentalité. Moravcsik* explique d’abord que, malgré leur conviction qu’il est possible pour un couple de mener de front une carrière et une vie familiale, cela ne s’est pas passé comme ils l’avaient espéré. Mais, fait exceptionnel, c’est lui qui est devenu le lead parent, celui qui répond présent lorsqu’une urgence se déclare, celui qui mène les enfants à leurs cours de soccer ou de danse, celui qui sait qu’il y a un examen de math la semaine prochaine.

Il souligne d’abord tous les facteurs qui auraient pu favoriser une coparentalité plus équitable et harmonieuse et dont leur couple a profité : congés de parentalité, horaires flexibles, temps de vacances généreux, sécurité d’emploi et, bien sûr, l’argent qu’il faut pour payer les frais de garde et la personne de ménage. Mais cela n’a pas suffi. Pourquoi?

Les femmes ont d’abord été persuadées que si les pères « aidaient » davantage les mères, celles-ci pourraient dégager le temps nécessaire à une carrière florissante. Puis, elles se sont rendu compte que, tant qu’elles gardaient toutes les responsabilités, elles n’auraient pas l’esprit assez libre pour s’occuper d’autre chose. Elles ont donc cherché de vrais « partenaires ». Et, cette fois-ci, cela s’annonçait bien… Mathématiquement en tous cas: car une charge pleine coupée en deux, ça permet d’être parent à mi-temps et professionnel/le durant l’autre moitié.

Le problème, c’est qu’on n’est jamais professionnel/le à moitié. Et c’est ce que Moravcsik a fini par réaliser : une carrière exigeante est aveugle et ne compte pas le temps. De fait, elle ne voit ni l’heure à laquelle elle fait ses demandes, ni les enfants.

Et puis, personne ne se contente du fait qu’on réussisse. Ceux et celles qui le font sont de plus en plus en demande. En conséquence, les carrières sont difficiles à synchroniser : un projet, lorsqu’il se présente, ne tient pas compte du projet déjà entrepris par l’autre conjoint. Ainsi, ce qui peut s’annoncer faisable en théorie, devient impossible en pratique.

J’entends de plus en plus d’hommes ou de couples affirmer qu’ils ne peuvent pas vraiment faire de la politique (ou assumer toute autre tâche dont on sait qu’elle les engloutirait) parce qu’ils ont des enfants : Jean-Martin Aussant, le couple Waridel /Latulippe, pour ne nommer que ces exemples.

Faudra-t-il donc espérer que de plus en plus de parents se mettent de leur plein gré sur la voie de service pour qu’enfin on réalise que ce qu’on laisse de côté, ce sont les forces vives pour notre société? Forces qui demanderaient, pour être mises au service du bien commun, qu’on change notre vision d’une « journée de travail ».

Ce jour n’est peut-être pas si loin : je n’ai qu’à regarder par ma fenêtre tous ces jeunes pères qui sont si présents auprès de leurs enfants, pour m’en convaincre. Car, comme le conclut Andrew Moravcsik, le métier de parent, c’est vraiment un beau métier.

Et un jour, ça se saura!

 

MORAVCSIK, Andrew. Why I Put My Wife’s Career first, The Altantic, october 2015.

 

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