Cette fin de semaine, j’ai vu, un peu après tout le monde, j’en suis bien consciente, le beau film du réalisateur Morten Tyldum intitulé Le jeu de l’imitation, avec Benedict…

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Lors d’une entrevue avec Jean-Martin Aussant le 11 septembre dernier*, Marie-France Bazzo affirmait que l’homme de 45 ans avait un parcours professionnel « atypique ». De fait, le fondateur de Option nationale a déjà une feuille de route assez longue : il a été député péquiste, puis chef de parti, pour passer ensuite deux années à Londres à l’emploi d’une grande firme financière et revenir enfin au Québec où il dirige le Chantier de l’économie sociale. Aux yeux de MF Bazzo, ce parcours pouvait paraître « chaotique et incohérent ». Était-ce une preuve d’instabilité ? JM Aussant a répondu qu’au contraire, un séjour de cinq ans dans un emploi donné, était jugé « très long » dans son domaine. Il a ajouté qu’il est toujours guidé par les mêmes principes et valeurs. Qui a raison?
Alors qu’auparavant, le gravissement des échelons d’une même entreprise était perçu comme un signe de stabilité et de compétence, les expériences de travail se succèdent désormais à un rythme beaucoup plus soutenu. Souvent, ce sont les personnes elles-mêmes qui initient ces nombreux changements. Plusieurs observent notamment que les membres de la Génération Y sont assez peu loyaux vis-à-vis leurs employeurs et qu’ils sont peu tolérants envers un emploi dont les sources de satisfaction se sont taries.
Ceux et celles qui s’adaptent à ce rythme ne réfléchissent plus en terme de carrière à long terme, mais plutôt en termes de projets. Ceux-ci peuvent être très variés et ne pas concerner seulement la vie professionnelle. Dans le discours de Aussant, ses jeunes enfants tenaient une place prépondérante et il affirmait qu’il avait abandonné sa carrière de politicien tout simplement pour être davantage « à la maison ». Autre fait intéressant, le financier ne semblait pas s’inquiéter de ce changement. Il ne semblait pas non plus avoir une idée arrêtée sur son retour éventuel en politique, ni du moment exact d’un tel retour. « On ne peut pas savoir, disait-il en substance, quelle configuration politique sera en place le jour où une telle chose pourrait redevenir possible ». Son attitude était confiante et sereine.
Malheureusement, beaucoup d’autres membres de la société sont victimes de cette nouvelle vision par projets qui fait l’affaire d’un marché du travail principalement préoccupé par le bonheur des actionnaires, cherchant plus de flexibilité et n’ayant plus aucune réticence à se débarrasser de « ressources humaines » qui, du jour au lendemain, ne lui sont plus utiles. Pour beaucoup, cette situation est donc créatrice de stress, quand ce n’est pas de dépression ou de burnout.
Il semble pourtant que ces parcours de vie parcellaires, jonchés d’expériences variées, englobant tous les domaines de la vie et non seulement la vie professionnelle, tendent à s’installer à demeure. Pour qui apprécie le changement, c’est une bonne nouvelle. Pour ceux et celles qui apprécient la stabilité, c’est une autre histoire.
Mais la vie, elle, peut garder sa cohérence, malgré le chaos. Il me semblait, à écouter JM Aussant, que celui-ci avait troqué un plan de carrière linéaire, pour un plan d’aménagement.
Comme la jardinière qui n’a d’autre but que de faire vivre ensemble, ici et maintenant, toutes les plates-bandes de son jardin.
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