Lors d'une entrevue avec Jean-Martin Aussant le 11 septembre dernier*, Marie-France Bazzo affirmait que l’homme de 45 ans avait un parcours professionnel « atypique ». De fait, le fondateur de Option nationale…

En juin 2012, Anne-Marie Slaughter, professeure à l’Université Princeton aux États-Unis, écrivait dans le journal The Atlanctic un article au sujet de la conciliation travail-famille qui allait faire beaucoup de bruit: Why Women Still Can’t Have It All (Pourquoi les femmes ne peuvent-elles pas encore tout avoir). Dernièrement, dans le même journal, son mari, Andrew Moravcsik, présentait sa propre analyse de leur situation familiale.Comme je ne vous ai jamais parlé de cet article de 2012 pourtant riche en réflexions sur le temps des familles, ce texte lui sera consacré puis, sous peu, nous verrons ce que le conjoint a pu ajouter.
Au moment de la rédaction de son article, Anne-Marie Slaughter venait de mettre fin à deux années de travail intensif aux Affaires étrangères à la Maison Blanche, sous la tutelle de Hillary Clinton. Un emploi dont elle avait pourtant toujours rêvé. Elle affirmait en être arrivée à la conclusion qu’elle devait abandonner ses fonctions parce qu’elle ne se sentait pas en mesure de fournir la qualité de travail qu’elle souhaitait, tout en étant mère d’adolescents qu’elle devait laisser au New Jersey (avec leur père) chaque semaine, pour se rendre à Washington.
Bien qu’ayant toujours adhéré aux valeurs féministes, elle en était venue à croire que les femmes de sa génération qui prétendent pouvoir mener de front une carrière exigeante et le rôle de mère, se trompent. Et c’est, selon elle, ce que la majorité des femmes de la génération des 25-35 ans ont compris: elles pensent — et acceptent — le fait qu’elles aient à faire davantage de compromis que les hommes par rapport à leur vie familiale.
Selon l’analyse de Slaughter, la conciliation est difficile, voire impossible, dans les contextes social et économique américains actuels. La possibilité d’occuper ces emplois ne tient pas à la seule détermination des femmes ou au support de leur environnement (son mari était d’accord pour tenir le rôle principal auprès de leurs fils). Elle dit que le problème tient d’abord au fait que les milieux de travail ne valorisent aucunement la famille, même si celle-ci est une valeur affichée par la société américaine.
Pour elle, l’élément déterminant face à cet enjeu n’est pas la quantité de travail – puisqu’elle continue d’être une professeure à temps plein, d’écrire et de faire des conférences – mais l’autonomie que l’on peut exercer par rapport à son horaire. La fameuse pointeuse, réelle ou virtuelle (le 9 à 5 et ses variations), est, selon elle, ce qui la liait à la grande majorité des femmes qui n’ont aucun contrôle sur leur temps de travail.
Elle fait aussi le constat que les femmes ne sont pas assez nombreuses en politique et dans les milieux d’affaires pour les transformer. Elle écrit (je traduis): « C’est seulement quand les femmes seront en nombre suffisant dans les postes d’autorité que nous pourrons créer une société qui fonctionne vraiment pour toutes les femmes. Et ce sera une société qui fonctionnera pour tout le monde. »
Ainsi, Anne-Marie Slaughter insiste sur l’impasse dans laquelle se trouvent les femmes: elles sont peu présentes dans les hautes sphères de décision parce que ce sont des emplois complètement fous, mais ces emplois de fous ne changent pas parce qu’il n’y a pas assez de femmes pour les adapter à leur réalité.
SLAUGHTER, Anne-Marie. « Why Women Still Can’t Have It All », The Atlantic, 13 juin 2012 [en ligne]
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