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Pour Françoise

On vit comme on marche : un pas après l’autre, chaque pas alternant entre l’ancrage et l’avancée. Le vol d’oiseau est au temps linéaire ce que la marche est au temps en spirale. Quand on focalise toute son attention sur un objectif, il est facile de se laisser aller à la pensée magique et ainsi sous-estimer les obstacles possibles, les méandres de la route, les aspérités du sol. Car en concentrant toute son attention sur le résultat attendu, on perd de vue le processus que nous devons initier. Nous voudrions déjà y être.

Dans le temps en spirale, une telle chose est impossible. Tous les pas comptent. Chaque foulée nous mène sur le chemin choisi. Chaque foulée est essentielle, ne pouvant être détachée de celle qui l’a précédée ni de celle qui la suivra. Et, au sein de chaque pas, il y a une collaboration étroite entre deux actions à première vue contradictoires. Une jambe conquiert le territoire, elle bouge, elle avance. Alors que l’autre s’ancre l’espace de quelques secondes, pivot de l’avancée, donnant toute sa force à l’élan, bien qu’immobile. Chaque jambe jouant à son tour les deux fonctions : l’avancée et la stabilité. Beauté de la marche, complexité de la marche.

Dans la vie, tous les processus que nous entamons pour réaliser un rêve, relever un défi ou entrer en relation sont une synchronisation de l’avancée et du pivot. Toute action qui part du centre de soi, d’une connaissance intime de qui l’on est et d’un respect profond pour l’aventurière comme pour l’aventure, est solide.  Ainsi, l’élan gagnera en force ce que le pivot gagnera en stabilité. Mais la maîtrise, la volonté, le plan, le sens et le feu appartiennent à l’élan. L’élan fait de nous des agissants, au sens noble du terme.

Et, dans le temps spirale, le chemin lui-même participe à la réalisation de l’objectif. C’est lui qui lui donne sa qualité. Car comment goûter la beauté d’une action quand on ne sait pas ce qu’elle en coûte?  Qui, du timide ou de l’extraverti aura plus de mérite à dire ‘Je t’aime’? Qui de l’énergique ou du faible devra faire preuve de plus de volonté pour se lever et cuisiner un bon plat pour ceux qu’il aime?

Dans le temps en spirale, la route est à prendre pour ce qu’elle est et telle qu’elle est. Avec lucidité. C’est au marcheur de s’y ajuster. Voilà toute notre intelligence : dans les difficultés du chemin, marcher avec force et souplesse. Garder l’élan.

Quand je discute de cela avec mon amie Françoise Beaudet, elle me partage les images de son enfance, elle qui a grandi au pied des Alpes. Un ‘pas montagnard’ est plus court qu’une longue foulée sur un sol plat, une piste balisée. Mais il est plus solide aussi : prudent puisque conscient de toutes les embûches possibles ET déterminé à avancer. Un pas symbolisant toute la sagesse de l’humanité.

 

 

NB: Je développe l’image de la marche au chapitre 5 de À contretemps.

 

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