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Les spécialistes de l’exercice physique recommandent souvent d’intégrer la marche dans notre vie, si nous voulons rester en forme. De fait, si nous voulons marcher régulièrement, mieux vaut se donner un lieu d’arrivée. Par exemple, faire ses courses à pied remplit ce besoin de donner un but à la marche.

Ce conseil, à première vue assez juste, m’est revenu à la mémoire alors que je faisais ma marche (presque) quotidienne, marche qui n’avait d’autre but que de retourner à la maison. De fait, combien de fois ai-je vu dédaigner cette activité physique complète et pas chère parce qu’on n’appréciait pas marcher sans savoir où l’on allait?

L’occasion est belle pour rappeler la différence entre le sens et le but.

Dans une marche, le but est le lieu où nous voulons nous rendre. Le sens est ce pourquoi nous marchons. Le but tire en avant, le sens nourrit chaque pas. Comme je l’ai déjà évoqué dans À Contretemps, la marche est le résultat de la collaboration entre deux jambes: celle qui s’élance dans une direction et l’autre servant de pivot qui nous ancre sur le sol. L’une détermine le but, l’autre le sens. Sans la première, pas de mouvement, sans la seconde, pas de verticalité. Les deux jambes jouant ces deux rôles essentiels en alternance.

Selon bien des gens, marcher sans but ne vaut pas la peine de marcher, même quand on sait pourquoi on marche. Le pourquoi ne suffit pas, la marche ne peut pas seulement être l’instrument du pourquoi, elle doit se diriger quelque part, être utile à quelque chose.

Peut-on marcher sans but? Pourquoi marcher? Pour rester en forme, pour méditer, pour contempler la nature, pour converser avec un compagnon de marche, pour explorer. Le pourquoi accompagne tout du long. Il n’est pas seulement présent à la fin du parcours comme le but.

Y aurait-il d’autres activités qui pourraient se faire sans but mais avec du sens? Donner, sourire, aimer, contempler, jouer, peindre, aller à la rencontre de l’autre, peuvent tout à fait se faire sans but. En fait, quand ils ont un but, on dit que ce sont des gestes intéressés ou que leur nature est quelque peu pervertie.

Peut-on marcher sans sens? C’est alors l’affairement, la roue du hamster, l’action vide qui pourtant épuise, puisqu’elle ne se régénère pas d’elle-même. De fait, le sens est un formidable carburant.

Peut-on marcher sans but ni sens? Je n’arrive pas à trouver d’exemple en dehors de l’hôpital psychiatrique…

C’est une caractéristique de notre société moderne d’avoir du mal à agir sans but. Ainsi la gratuité et le seul plaisir sont devenus des raisons insuffisantes pour agir. Toute les actions qui ne servent à rien, qui sont donc sans but, en pâtissent : soit nous nous sentons coupables de nous y adonner, soit nous nous y sentons mal à l’aise ou soit nous les rayons carrément de notre emploi du temps. Alors que toute l’essence, la beauté et la richesse de la vie se cachent dans ce pourquoi sans but.

Un seul « pour quoi », en fait : être pleinement vivant.

 

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