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Randi Hausken
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« Lune algonquienne où il gèle. » (Francine Ouellette)

« La première partie du mois de novembre termine habituellement les travaux des champs de toute espèce. La terre est dite désormais « fermée ». L’habitant et son engagé passent en revue les outils, les instruments et les voitures. Au besoin, ils les réparent pour la saison prochaine. Puis ils les rangent. » (Jean Provencher)

 

La noirceur et le froid envahissent la terre. Novembre. Nous avons beau avancer l’heure, c’est la nuit qui gagnera sur le jour. Assurément. Comme tous les ans. Novembre est souvent le mois de la première neige; il est toujours le mois des premiers vrais froids. Le premier véritable mois de l’hiver.

Novembre est un mois dur pour le corps qui gèle parce qu’il a perdu l’habitude. Au printemps prochain, à pareilles températures, nous marcherons le manteau ouvert, émus par la douceur du temps. Mais, maintenant que le soleil quitte la terre, le corps n’a qu’une envie : se terrer. Pourtant nous le forçons à résister. Alors qu’il faudrait s’emmitoufler, on s’entête à porter nos petits manteaux et garder nos souliers. Nous luttons contre l’idée même de l’hiver. Nous cherchons à repousser aussi loin que possible la date fatidique, celle où nous accepterons enfin que nous vivons au Québec.

Si on voulait bien employer novembre, on écouterait sa sagesse. On sortirait peu, on allumerait un feu dans la cheminée, on boirait du vin chaud et des tisanes calmantes, on prendrait des bains à la lumière des chandelles. On dormirait beaucoup.

La distance entre notre rythme de vie moderne et celui de la nature n’est jamais aussi grande qu’en novembre. Alors qu’il faudrait ralentir, les réunions et les projets s’enfilent sous la pression de l’approche de la fin de l’année. En décembre, nous aurons tant à faire!

Nous pourrions plutôt, comme nos ancêtres, prendre le temps de « fermer l’année », faire le point sur nos récoltes, terminer ce que nous avons commencé. Novembre est le mois par excellence pour faire retour sur soi, se taire et laisser mourir ce qui n’est plus nécessaire. Se délester du superflu, comme les arbres qui lâchent leurs feuilles pour mieux se préparer à renaître. Bien des cultures jugent que novembre est le mois idéal pour apprivoiser la mort.

Afin d’accorder son âme à la noirceur et la froidure ambiantes, le mois de novembre nous invite à lire de beaux textes romantiques et à regarder des films qui font pleurer. Tout cela est trop triste? C’est, en tout cas, contraire à nos réflexes de modernes qui refusent d’envisager que les choses puissent avoir une fin.

Novembre devrait être un mois sacré. Un mois de la profondeur. Si nous prenions le temps d’apprivoiser sa noirceur, quelle joie puissante s’élèverait au retour de la lumière et de l’espoir du solstice! Comme le contraste serait évocateur, comme Noël brillerait de tous ses feux!

Chaque chose en son temps : la noirceur de novembre nous éduque et nous prépare à l’accueil émerveillé de la vie.

 

* PROVENCHER, Jean. Les quatre saisons dans la vallée du Saint-Laurent, Montréal, Boréal, 1988, p. 395.

** OUELLETTE, Francine. Feu, tome 1 : la rivière profanée, Montréal, Libre Expression, 2004.

Ma chanson de novembre : Aznavour, Je te réchaufferai… Pas triste du tout!

 

Cet article comporte 7 commentaires

  1. Bonjour Christine,

    C’est un très beau texte que tu as écrit cette semaine, profond. Cela fait deux nuits que je fais des rêves durant lesquels je n’arrête pas. Un trajet d’autobus qui n’en finit pas avec tellement de sacs à traîner. Un signe de me libérer de quelques projets… de me reposer davantage.

    Caroline

    1. Merci pour ce commentaire…
      Tu as tout de suite compris ce que je voulais dire: novembre est le mois de la profondeur, jusqu’à l’inconscient. Les rêves parlent pour l’inconscient et manifestent les envies du corps et de la psyché!
      Christine

  2. Chère Christine,

    Quelle belle réflexion sur le temps, les saisons, nos manières d’agir, les choses à faire et celles à laisser de côté!

    De penser à finir l’année en dressant le bilan de celle-ci est une chose sur laquelle nous devrions tous nous arrêter mais que nous faisons rarement.

    Merci de nous le rappeler par ce magnifique texte qui porte à méditer.

    Claire

  3. Un très beau texte, qui nous invite à plus de profondeur. Merci Christine.

    Je ne peux m’empêcher de faire le lien avec la courbe du deuil et les 4 saisons, si bien expliquer par la coach suisse Myriam Mayer, dans son atelier « l’écologie du changement »:
    – l’automne, le déclin, oser l’abstinece
    – l’hiver, l’hibervation, oser la profondeur
    – le printemps, le renouveau, oser la créativité
    – l’été, la fructification, oser la provocation.
    Elle accompagne des gestionnaires, surtout dans le milieu bancaire. Comme quoi, cette référence à la nature parle à beaucoup.

  4. Merci Christine pour ce très beau texte ! Félicitations pour la profondeur de cette réflexion ! C’est tellement vrai !

    Tante Claire, aps

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