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Arouet
Aurouet, C. L’amitié selon Prévert, chez Textuel

Il y a quelques mois, j’ai lu un joli petit bouquin* au sujet de Jacques Prévert (1900-1977). Je vous en parle parce que les œuvres qui y sont présentées – des dessins de fleurs pour la plupart –  proviennent d’un outil banal, que nous possédons tous et toutes, et qui n’a souvent rien de très esthétique : l’agenda.

Jacques Prévert est un poète français. Il a écrit beaucoup de scénarios pour Marcel Carné, notamment Le quai des brumes (1938) et Les enfants du paradis (1945). Homme très en demande et donc très occupé, Prévert s’est servi, comme tout le monde, d’un agenda. Mais comme c’était un « artiste », il l’a fait de façon tout à fait créatrice.

Chaque matin, il prenait une grande feuille blanche et y dessinait une fleur. Puis il y jetait les choses à faire comme il se doit, avec les heures de ses rendez-vous. Pour chaque ami, il avait un symbole : un chat pour l’un, un éléphant pour l’autre. Si bien qu’à la fin de la journée, la page d’agenda était devenue une œuvre tout à fait étonnante: un drôle de mélange de gribouillages, de ratures et de dessins.

D’expérience, je sais qu’il n’y a rien de plus intime qu’un agenda. Peu importe le format, cet outil finit par prendre un aspect tout à fait singulier. (Cette caractéristique tend malheureusement à s’estomper lorsque nous avons recours à un agenda électronique.)

Chaque personne ne devrait-elle pas avoir un agenda qui lui ressemble? Pourquoi les personnes créatives ne pourraient-elle pas habiter leur temps comme elles sont, sans que cela nuise nécessairement au fait d’avoir à organiser leurs activités? La couleur, la fantaisie devraient être des alliées pour qui ne veut pas s’enfermer dans la grisaille des jours, dans leur uniformité rationnelle, dans les cases bien limitées d’un « agenda président ».

Commencer chaque journée avec une feuille très grande (le temps est généreux) et très blanche : un acte de création ne commence-t-il pas toujours par une feuille blanche, une toile blanche, un comptoir de cuisine ou un établi vide? Un espace libre dans la tête pour commencer du neuf; se défaire chaque jour de l’encombrement.

Un dessin pour l’amitié, une fleur pour la joie, des flèches pour comprendre, des soulignements pour l’essentiel, des « bonhommes sourire » pour l’émotion et la marge pour penser autrement. Voilà qui devrait constituer un agenda vivant, un agenda qui ressemble davantage au foisonnement de la vie qu’à une armoire bien rangée. Pour les rationnel/les, un simple crayon surligneur peut ajouter du relief.

Nous avons le droit de faire de notre agenda le reflet de nos journées et pas seulement un recueil de « faucons ». Comme le temps, l’agenda ne devrait pas ressembler à celui d’un autre : osons le rendre unique.

Jacques Prévert a osé transgresser les codes habituels, osé faire autre chose avec son agenda. Mais c’est Prévert.

Osons nous en inspirer!

 

Source : AUROUET, Carole. L’amitié selon Prévert, Paris, Textuel, 2012.

 

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