« La patience obtient tout. » (Thérèse d’Avila) Pourtant, elle était intense, Thérèse. Lancée sur les chemins de l’Espagne, occupée à réformer le Carmel, toujours sujette à des extases mystiques, Thérèse…

Cette semaine, j’assistais à une soirée bien sympathique où nous fêtions entre amies du groupe L’autre Parole, la parution de mon livre. Évidemment, nous avons discuté du temps, sujet à l’honneur ce soir-là. Nous avons parcouru les aspects philosophiques et sociaux, ainsi que les notions de genre, puisque j’ai la conviction qu’il existe une différence entre les hommes et les femmes quant à leur rapport au temps.
Mais un sujet bien terre à terre nous a accaparées quelques joyeuses minutes: faire ou ne pas faire son lit le matin? L’une d’entre nous a condamné d’entrée de jeu cette activité en lançant: « À quoi bon faire le matin quelque chose que nous avons à défaire le soir? » Pour ma part, j’aimais bien cet argument qu’il est toujours plus agréable de se glisser dans les draps frais et lisses d’un lit qui a été fait que de se recoucher dans les couvertures éparses de la veille.
Je trouve que l’argument « Cela ne prend que deux minutes! » n’est pas valable parce que si nous cessions aujourd’hui 15 activités qui ne prennent que deux minutes, nous en aurions déjà sauvé 30! Par contre, la raison invoquée la plus convaincante était celle-ci: faire son lit est un rituel matinal, une pierre blanche sur le chemin de notre journée. Vous devinez donc dans quel camp je me situais.
Ce qui ressort toujours de ce type de conversation c’est à quel point les personnes sont différentes les unes des autres. Ainsi, ce qui est bon pour quelqu’un, ne l’est plus tout à fait pour quelqu’un d’autre. C’est pourquoi je m’évertue à répéter que je n’ai pas de recette qui nous permette de mieux vivre le temps, qu’il soit linéaire ou autre. Il s’agit pour chaque personne de tracer son propre chemin, d’amorcer sa propre réflexion et de bâtir sa propre expérience.
Pour ce qui est des tâches domestiques, nous pouvons nous permettre d’explorer puisque, dans ce domaine, nos essais, nos erreurs et nos hésitations n’ont pas de conséquences très graves. Trois jours sans faire son lit, pour observer l’effet que cela nous fait, ne nous fera pas mourir!
Ce qu’il faut, dis-je, c’est y réfléchir. Et dans l’idée de réduire et de simplifier afin d’apaiser notre rapport au temps , nous devons savoir– pour nous — ce qui vaut la peine d’être fait et ce qui peut être abandonné.
Faites-vous votre lit, le matin?
D’abord, j’adore votre façon d’écrire. Je me devais de le dire ! C’est vrai, vous abordez de manière philosophique un sujet aussi simple que celui-là, avec une vraie réflexion compréhensible pour tous.
Concernant le sujet, je suis tout à fait d’accord avec vous, je fais moi-même mon lit. Pour moi cela rentre dans le registre de l’évidence et je ne comprends même pas ceux qui ne le font pas. Les deux arguments que vous avez amenez sont tout à fait vrai, et je préfère particulièrement celui où faire son lit c’est mettre fin à notre nuit par ce rituel.
J’aimerais en rajouter un autre : le lit est un lieu intime, où nous nous trouvons absoluement vulnérable, où nous partageons des relations intimes, et où nous mourrons. Faire son lit est, je le crois, un respect à ces moments-là. Je trouve que c’est une sorte de standing que nous nous devons d’avoir envers nous-même, un respect à l’égo. Sans oubliez aussi aux autres car ,c’est bête mais, arrivez chez des gens où le lit n’est pas fait n’est pas très respectueux et non appréciable pour les yeux, easy on the eye comme on dit chez moi.
En psychologie, nous disons qu’un lit à une symbolique grande. Le faire ou non révèle je pense, une personnalité. Un lit défais, débraillé et froissé toute la sainte journée n’est pas synonyme d’un individu rangé dans sa tête comme dans son esprit. Les trois synonymes précédents associés au lit peuvent s’associer au dormeur …
Voilà, c’est mon avis grosso modo.
Merci pour votre bel article, en espérant n’avoir pas donné une réponse trop longue!
Merci beaucoup pour ce commentaire! Je suis d’accord avec le fait que le lit est un « lieu » très symbolique.
N’hésitez plus à venir réfléchir en notre compagnie!
Christine