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L’actualité m’offre un tel exemple des gâchis que peuvent provoquer les objectifs que je ne peux me dispenser de commenter la situation.

On recommande, dans tous les domaines de notre vie, et tout particulièrement dans les projets importants, de fixer des objectifs SMART. Je vous rappelle les critères qui composent cet acronyme: Spécifique, Mesurable, Atteignable, Rattaché à un projet et limité dans le Temps. Il est donc souhaité, à une table de négociation, d’avoir un objectif bien établi.

Comparons les deux objectifs qu’ont dû se fixer les deux parties présentement en conflit.

Du côté du gouvernement:

Spécifique: Dégel des frais de scolarité; Mesurable: $325/an; Atteignable: Oui; Rattaché à un projet: Les contribuables ne doivent plus payer la note des étudiants; limité dans le Temps: résulat atteint dans 5 ans.

Du côté des étudiant-es:

Spécifique: Maintien du gel des frais de scolarité; Mesurable: $0 d’augmentation des frais de scolarité; Atteignable: Oui; Rattaché à un projet: l’accès à l’éducation (considérée comme un « bien commun ») pour tous et toutes; limité dans le Temps: les 5 prochaines années.

Deux critères établissent un obstacle presque insurmontable à toute forme de dialogue: Spécifique et Rattaché à un projet.

Spécifique. Nous voyons que ces objectifs sont extrêmement spécifiques. La cible est clairement identifiée. C’est blanc ou c’est noir. Gel et dégel. Point.

Rattaché à un projet. Deux visions de la société s’opposent diamétralement, et donc deux systèmes de valeurs, de croyances.

Je fais abstraction des attitudes méprisantes, de la colère exprimée, de la violence. Pour moi, tout part de ces objectifs, dont deux variables, le spécifique et le rattaché à un projet, sont irréconciliables, dans le temps linéaire. Le résultat: l’enlisement des négociations, la confrontation, les dérapages.

Dans le temps panoramique, cela aurait pu être différent. Dans ce rapport au temps, l’écoute de l’autre, l’accueil des opinions divergentes, la tentative de comprendre le problème du point de vue de l’autre, ne sont pas des entraves à « l’efficacité » du processus de négociation, mais ce qu’on appelle plutôt la (difficile) recherche de consensus. C’est beaucoup plus long, surtout dans ce cas-ci où l’on constate que chaque partie s’appuie sur des systèmes de valeurs en tous points différents: la droite, la gauche.

Dans le temps panoramique, on aurait pu prendre le temps d’évaluer la complexité et la délicatesse de la situation, d’identifier les écueils. Et, avant que les propos ne dégénèrent, avant que la colère et la frustration soient si grandes qu’il devienne impossible de considérer l’autre autrement que comme un ennemi, il aurait été possible de tendre vers le consensus.

Le consensus appartient au temps panoramique. Il est inatteignable dans le temps linéaire puisque l’échéance imposée (Temps de SMART) évite ou contraint tout ce qui pourrait la retarder.

Mais voyez le résultat: le conflit s’est envenimé au point que personne ne sait plus trop comment nous nous sortirons collectivement de cette situation. Avons-nous été « efficaces »?

Une autre preuve que, parfois, un objectif trop bien construit peut faire des ravages.

Cet article comporte 2 commentaires

  1. Pourquoi les leaders ne t’ont pas consultée avant de commencer leurs démarches.
    Ils ne seraient pas maintenant enlisés dans des différends irréconciliables

  2. Ah! Toutes ces recettes qu’on nous vente comme infaillibles… Je résiste… Il n’y a pas si longtemps, le ministère où je travaillais a donné des formations à son équipe de professionnel-le-s pour qu’elle applique les objectifs SMART à la clientèle… Comme le montre Christine, tout roule si nous partageons la même vision, les mêmes objectifs… sinon, c’est l’affrontement ou alors, le double discours…

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