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Frédéric Back
Frédéric Back*

« Arrivé à l’endroit où il désirait aller, il se mit à planter sa tringle de fer dans la terre. Il faisait ainsi un trou dans lequel il mettait un gland, puis il rebouchait le trou. Il plantait des chênes. » (Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres, 1953)

 

En début d’année, il est de bon ton d’établir des objectifs et de définir des orientations. Comme le bilan, cette pratique nous est proposée par le monde des affaires.

Les orientations ont le mérite d’être moins fermées sur elles-mêmes que le sont les objectifs. Une orientation donne une direction mais elle n’impose pas une vision spécifique du résultat final. Elle établit le contour de notre désir, elle évoque son sens et ce sur quoi il repose, mais le visage reste encore à préciser. Elle ne nous soumet pas non plus à une échéance précise.

Les orientations nous disent : « C’est par là qu’il faut aller ». Mais elles nous laissent la possibilité de faire des modifications en cours de route. Elles font preuve d’une volonté encore malléable et donc ouverte à des changements qui pourraient encore survenir.

L’orientation s’accorde bien au temps panoramique, à une perspective large qui nous permet de rester accroché au réel; de ne pas devenir entêté, obtus, aveuglés par l’objet de notre désir. Elle démontre une volonté, identifie un idéal, mais elle laisse une porte ouverte sur une juste compréhension de l’environnement. Elle permet de rester à jour, situé.

Quand nous sommes orientés, nous définissons et choisissons nos agirs pour les conformer à notre code de vie personnel, à nos valeurs, à notre vision du monde. Mais nous ne devons pas oublier que nous sommes aussi des semeuses et des semeurs.

Bien des idéaux ne peuvent être atteints sur le parcours d’une vie individuelle; ils ont besoin d’un horizon plus grand. Nous avons donc besoin du temps des autres: nos contemporains autant que ceux et celles qui suivront.

La justice, la paix, le respect de l’environnement, l’égalité entre les hommes et les femmes sont des idéaux qui ne tiennent pas à l’aise dans le seul horizon de notre vie. Le temps que nous donnons ne suffira pas; il ne rapportera rien à court terme. Qui vivra le jour où nous aurons fini de marcher sur ces sentiers-là?

Élever un enfant c’est aussi cela : nous lui consacrons le meilleur de nous-mêmes mais notre pouvoir est bien restreint. Il nous faut le lancer dans l’avenir avec le petit balluchon de nos valeurs et de nos idéaux… et faire confiance.

Nous avons souvent trop d’objectifs qui nous condamnent à attendre ce que nous avons précisément imaginé, alors que le monde ne demande qu’à mettre sa magie dans nos rêves. Il est suffisant, dans bien des cas, de nous orienter, de définir le sens, d’identifier la valeur sous l’intention.

Comme l’homme qui plantait des arbres, nous n’avons qu’un seul vrai pouvoir : celui de choisir avec soin les glands que nous semons.

 

 

* Affiche du film L’homme qui plantait des arbres.

 

 

Cet article comporte 3 commentaires

  1. Chère Christine,

    Quelle sagesse dans tes propos! En effet, une vie entière ne suffirait pas à voir se réaliser toutes nos intentions.

    Quel beau lien avec les enfants que nous mettons au monde. Nous souhaitons pour eux le meilleur et nous les lançons à l’aventure de leur propre vie en espérant que ce que nous leur avons inculqué leur servira.

    Oui, il faut faire confiance à la vie et prendre le temps de réfléchir périodiquement à l’orientation que nous voulons lui donner.

    Je souhaite à tous qu’elle prenne la bonne direction, la meilleure, celle qui vous mènera sur le chemin du bonheur.

  2. La vie est drôlement faite. Ainsi, avec nos petits enfants, nous avons moins d’objectifs. Nous accueillons plus facilement et librement la magie et les rêves. L’éducation de nos petits enfants ne nous appartient pas dans un sens. Nous sommes là avec nos valeurs et plus ouvertes… Et c’est vrai qu’avec nos petits enfants, nous récoltons le choix des valeurs et des idéaux que nous avons données à nos enfants.

    Si nous vivions d’abord cette expérience de sagesse des grands-parents, saurions-nous mieux choisir au départ les valeurs et laisser les objectifs sous-jacents?

  3. Très beau message, chère nièce !

    Le commentaire ci-haut entre aussi très bien dans mes vues. Que 2013 nous achemine tous et toutes
    dans les meilleurs chemins qui mènent au vrai Bonheur !

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