Lors d'une entrevue avec Jean-Martin Aussant le 11 septembre dernier*, Marie-France Bazzo affirmait que l’homme de 45 ans avait un parcours professionnel « atypique ». De fait, le fondateur de Option nationale…

En écoutant à la radio le Dr Alain Vadeboncoeur parler de la compétition Ironman qui a eu lieu cet été à Mont Tremblant, je me suis dit qu’il s’agissait d’un bel exemple de ce qui différencie l’objectif et le soin.
Selon Wikipedia, la compétition Ironman (l’homme de fer) est un triathlon consistant à enchaîner 3,8 km de natation, 180 km de cyclisme puis un marathon de 42 km. Pour un participant moyen, cette suite d’activités prend de 12 à 14 heures, 8 h 26 pour le vainqueur de Tremblant.
Le plus frappant des propos du médecin, c’était que, malgré son admiration manifeste, il a dû convenir que ce type de compétition et l’entraînement qui doit y mener ne sont pas bons pour la santé. De fait, si les études affirment que l’inactivité est la cause d’une mortalité sur 10 dans le monde, elles disent aussi que courir au-delà de 32 km par semaine fait perdre tous les gains de cet exercice.
Où se trouve la santé? Au centre, bien entendu! Pour garder l’exemple de la course à pied, c’est une distance de 16 à 24 km par semaine qui apporte le maximum de bienfaits physiques.
En ondes, Catherine Perrin s’est rebellée contre le fait de toujours s’en demander plus : Tu cours 5 km, tu peux en courir 10! Tu en cours dix, cours-en 20! Ça n’a pas de fin, s’est-elle exclamée. Pourquoi ça n’a pas de fin? Parce que dans la logique de l’objectif, un objectif atteint mène à l’établissement d’un nouvel objectif.
Bien sûr, on pourrait fixer un objectif de zéro augmentation. Mais ce serait forcer cet outil splendide à faire ce qu’il ne sait pas bien faire : préserver le statu quo. Deux cordes font vibrer ce bel instrument : le désir de la cible et le sentiment d’urgence créé par l’échéance. Or, l’objectif zéro nous dit : tu as ce que tu désires, ici et maintenant. Pas d’envie ni de projection dans l’avenir. L’objectif zéro est un objectif sans ses ailes.
Une autre attitude convient davantage à la situation. Quand nous réussissons à faire de l’exercice physique régulièrement, notre attention devrait plutôt porter sur le soin. Faisant ce qu’il y a à faire, nous n’avons pas à nous en demander plus; nous avons à préserver ce qui existe et l’inscrire dans la durée.
Le soin peut se situer à la limite, là où l’objectif aime bien se tenir. Mais contrairement à lui, son regard est tourné vers l’intérieur du jardin. Il ne se préoccupe pas de dépasser, mais d’épanouir, d’approfondir, de mettre en santé. Le soin s’accorde parfaitement à une bonne hygiène de vie. Il n’implique pas que nous mettions plus de temps à courir, mais il fait en sorte que ce temps soit préservé, sans être menacé ou remis en question par d’autres tâches que nous pourrions juger plus urgentes ou plus importantes.
Alors que l’objectif cherche à passer à autre chose, le soin sacralise ce qui existe. Vivre mieux, c’est pouvoir utiliser les deux outils de façon adéquate.
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