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CC damk Pixabay.com
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Le seul fait de regarder les choses sous un angle nouveau peut provoquer un changement ou, du moins, en amorcer un. C’est ce que je constate chaque fois que je fais une conférence et que je parle de la multiplicité du temps, de sa générosité. Le regard perplexe de mes auditeurs et auditrices, leur attitude corporelle, m’indiquent que je bouscule leurs idées reçues : comment le temps peut-il être autre que ce qu’il est toujours, c’est-à-dire un tic tac à battre de vitesse? Et surtout, comment ce tic tac peut-il être généreux? Certain-e-s quittent alors la salle : je ne leur offre pas ce à quoi ils et elles s’attendaient.

Pour d’autres dont le visage s’éclaire, cet angle nouveau amènera un regard neuf sur leurs journées et sur leur agenda. À elles et eux, ensuite, de poursuivre la réflexion. Mais si petite soit-elle, cette ouverture est prometteuse.

Il existe, selon Françoise Kourilsky*, deux types de changements. Le premier, c’est l’adaptation. Il est graduel, parfois imperceptible. Mais il ne se fait pas toujours pour le mieux. C’est le cas de la grenouille mise dans l’eau qui se réchauffe toujours un peu plus et qui finira par la tuer. C’est ce qui nous a tous et toutes permis d’endurer des rythmes de vie effrénés. Peu à peu, une accélération à la fois, une minute de repos en moins, et nous voilà pris-e-s dans la fameuse roue du hamster.

Le deuxième type de changement est souvent plus brutal, du moins à son origine. Il prend la forme d’une crise, d’une maladie ou d’un inconfort soudainement perçu comme intolérable. Ce bouleversement provoque un changement de regard. Une évidence s’impose alors : les choses pourraient se passer autrement. Certain-e-s se diront qu’ils et elles n’ont pas le choix mais, même dans cette situation, le changement est amorcé. De fait, même sous le boisseau, il fait son œuvre et finira bien par éclater… C’est une question de temps. Et à ce chapitre, toutes les vitesses sont permises.

Pour d’autres, le changement de regard tire vers l’avant, transformant une lubie en un rêve caressé, puis planifié. Un « possible » : faire les choses autrement, vivre autrement. C’est le début d’une prise de pouvoir sur sa vie, une nouvelle alliance avec son temps.

À partir du jour où j’ai pensé que le temps pouvait être autre chose qu’une ligne droite, depuis que je le perçois comme un écosystème, je me suis mise à le vivre autrement. Je comprenais enfin pourquoi il me répondait : il pouvait être doux et accueillant quand j’en prenais soin, et cruel lorsque je le malmenais. Le temps n’était plus une série de cases à remplir, un objet hors de moi, mais un jardin dans lequel je pouvais cultiver et faire s’épanouir toutes sortes d’agirs.

Je ne suis plus seule à exploiter mon temps. Celui-ci est devenu un partenaire avec lequel je co-crée ma vie. Cela veut dire que j’apporte au temps mes projets et le sens que je leur donne, et qu’il me répond en m’offrant son avenir, qui m’est inconnu**. Le lien entre les deux constitue le tissu vivant de mes jours.

 

 

* KOURILSKY, Françoise, Du désir au plaisir de changer. Le coaching du changement, Paris, Dunod, 2008, 340 p.

** Cette façon de voir est inspirée de l’oeuvre de Karl Rahner telle que me l’explique mon amie Denise Couture.

 

Cet article comporte 1 commentaire

  1. Le temps comme un écosystème – c’est une image très parlante pour moi. Au fil des années, nous avons appris que la nature est un écosystème qu’il faut traiter globalement. Le temps c’est un système qui doit trouver une balance… À nous d’y faire attention tout comme à la nature.. C’est une responsabilité envers nous-même.

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