Il y a quelques jours, j'ai confronté ma fille à un dilemme. Nous allions visiter sa grand-mère et elle a refusé de nous accompagner. Elle avait un devoir à faire.…

Vous est-il déjà arrivé, alors que vous peinez sur un dossier, de regretter de vous être levé le jour où vous vous êtes engagé à l’accomplir? Avez-vous déjà maudit cet élan du cœur qui vous a fait répondre à la personne qui vous exprimait un embarras : « Oh! Ça me fera plaisir de t’aider! (ou de le faire pour toi…) ». Pesté après vous-mêmes parce que vous avez planifié une suite de rendez-vous beaucoup trop serrée, alors que vous êtes prise dans un embouteillage?
Nous sommes devenus des observateurs et des observatrices aguerris. Mais voilà, nous nous sentons souvent impuissants devant ce que nous observons : un enthousiasme mal contenu ou le désir insatiable de prouver notre compétence, notre tempérament de boyscout ou notre besoin d’être aimée, notre aveuglement volontaire quand ce n’est pas de la pensée magique. L’observation est capitale, mais elle ne suffit pas. Il faut comprendre.
Voici donc la deuxième ‘position’ de cette démarche d’un rapport au temps vivant, un temps écosystème : comprendre. Connaître d’abord le climat temporel dans lequel nous évoluons : quelles sont les valeurs ambiantes, celles des personnes qui partagent notre vie? Quelles sont les situations qui nous rendent plus vulnérables, émotivement et physiquement, nous perturbent ou nous poussent à accepter des tâches que nous regretterons par la suite? Dans quelles circonstances sommes-nous le plus assurés dans nos acceptations ou nos refus?
On nous dit souvent qu’il faut savoir dire non. Encore faut-il le faire au bon moment et pour les bonnes raisons. La compréhension permet de placer dans un contexte beaucoup plus large les décisions que nous prenons en regard de notre temps. Ainsi, les non que nous aurons à dire ne seront plus de simples refus, mais un grand oui à ce qui, autrement, aurait été sacrifié.
La compréhension va plus loin que la simple constatation que nous nous sommes mis, une fois de plus, les pieds dans les plats en acceptant telle ou telle tâche. Elle affermit notre expérience pour les décisions à venir. Elle permet de développer des moyens de contourner les difficultés, des trucs qui nous ferons déjouer certains de nos élans et de nos réflexes.
Enfin, une réponse guidée par l’observation et la compréhension n’est pas toujours non. Ainsi, nous pourrions, grâce à elles, mieux choisir les dossiers qui nous permettront vraiment de faire notre marque; discerner entre les personnes qui ont vraiment besoin de notre aide des personnes qui veulent simplement profiter de nous; soigner notre temps de telle sorte que nous puissions nous éviter des périodes de stress aussi intenses qu’inutiles, parce que nous avons fait trop peu de place à l’imprévu. Nous y reviendrons.
La compréhension sait voir que les élans qui nous habitent et qui causent souvent la surchauffe de nos agendas ne sont pas tous mauvais ou improductifs. Il s’agit souvent des moments où nous sommes le plus authentiquement humains.
Et parfois même, ils provoquent une rencontre intime et bouleversante entre notre horaire et l’Essentiel.
Pour poursuivre la réflexion : La surchauffe de nos agendas. Vivre le temps autrement, p. 107-132.
Pour nous aider à choisir, outre la compréhension, il faut aussi se rappeler qu’il n’y a personne d’irremplaçable dans le monde. Il y a rarement des situations qui seraient catastrophiques si nous disons: «Non! Je ne peux pas ou ne veux pas faire ceci ou cela. J’ai d’autres priorités pour l’avenir. »
Toi et moi appartenons à un groupe où il est parfois difficile de se le rappeler… Mais tu as absolument raison!