Nous avons beau gérer notre temps avec la meilleure volonté du monde, cibler et planifier avec compétence, nous aurons toujours une inquiétude, une attente ou un contretemps pour nous déconcentrer,…
Je vous l’ai dit la semaine dernière, le livre d’Olivier Schmouker*, paru cet automne, est une véritable pépinière de réflexions à contre-courant des idées reçues. Voici quelques autres exemples.
De plus en plus d’études constatent que notre hâte perpétuelle, notre précipitation à vouloir tout faire tout de suite et dans le moins de temps possible, ne nous sert plus. Au contraire, elle nuit à notre efficacité. Cela devient contre-productif. Plus nous nous hâtons et moins nos actions sont de qualité. Cela me parait évident, mais c’est maintenant scientifiquement prouvé. Je ne sais pas si cette preuve suffira à faire changer les choses, mais cela ne peut pas nuire!
Sur cette base, donc, Olivier Schmouker nous recommande de ralentir. Il propose aussi de faire ce que j’appelle « soigner le temps ». Comment? En alternant autant que possible les activités de production avec des moments propices à la décompression : aller marcher ou courir, chanter à tue-tête dans sa voiture, par exemple. Il conseille aussi de s’offrir une ou deux journées « de battement » entre deux projets importants. Dans un jardin, les plants trop serrés ne font qu’étouffer; aucun épanouissement n’est possible. Il faut faire de l’espace, créer du vide afin que le tout puisse respirer et que nous puissions en profiter. C’est la même chose pour nos plates-bandes temporelles.
Par ailleurs, il est une idée convenue dans les milieux d’affaires qui stipule que l’innovation et la créativité sont des activités requérant d’importantes ressources financières. Les études que l’auteur a consultées assurent le contraire : l’argent tue l’innovation. Il ne faut donc plus s’étonner que nos artistes soient aussi féconds! Mais j’ajouterais aussi que le temps est une ressource bien plus utile que l’argent pour un tel défi. Et à cet égard, le clip de Cafe Creative Golden Drum vient toujours me le rappeler avec candeur et poésie. Bienvenue dans le temps panoramique!
Olivier Schmouker en profite pour écorcher au passage la sacro-sainte quête de l’excellence en énumérant ses effets pervers : le premier étant la tentation toujours très forte de tricher. Et nous revenons au premier énoncé. Et si nous ralentissions? Si nous décidions de faire les choses dans le temps qu’il faut? Si, en choisissant mieux nos projets, nous pouvions parvenir à moins en faire, mais le faire mieux et surtout, à en tirer davantage de satisfaction?
Je souhaite que les conclusions de Olivier Schmouker, qui sont en fait les résultats de nombreuses recherches menées à travers le monde, finissent par quitter les universités et les revues spécialisées pour atteindre et transformer le monde des affaires. Nous avons à mener une compétition féroce avec des pays qui n’ont pas le même passé ni les mêmes valeurs que les nôtres. Il y a sans doute des compromis à faire, mais ce n’est pas en adoptant des mesures passéistes et en pressant toujours davantage le citron que nous arriverons à tirer notre épingle du jeu. Des solutions neuves sont à trouver. Olivier Schmouker a la plate-forme idéale pour faire circuler ces idées-là. Mais je soupçonne qu’il doive avoir parfois l’impression de prêcher dans le désert.
Chère Christine,
Une si belle manière de penser que d’en accomplir moins pour le faire mieux en nous apportant de plus la satisfaction d’avoir bien effectué ce que nous avions à faire.
Savoir choisir les projets qui nous tiennent réellement à coeur et s’y investir complètement pour réussir, plutôt que d’en prendre trop et de les mener à moitié, et finalement, les abandonner ou ne pas les réaliser aussi bien que nous aurions pu le faire en choisissant d’en entreprendre moins.
Reconnaître que chaque être humain a ses limites, ne doit pas être surchargé physiquement ni émotionnellement pour ne pas étouffer sera la voie à suivre pour un monde meilleur où il fait bon vivre.
Ton texte saura assurément en faire réfléchir plus d’un. Merci de prendre le temps de nous présenter de si belles occasions de penser à améliorer nos conditions de vie par nos manières d’agir.
C’est bien connu, le dicton le dit: plus on veut se dépêcher pour accomplir une action, plus on a les mains pleines de pouces.
Par tes écrits et pour «soigner mon temps»J’ai appris à me sentir comblée quand je lis un bon livre , quand je fais des mots croisés ou que je joue au scrabble.
De mieux en mieux, je ressens le bien-être m’envahir lorsque je regarde mes émissions préférées en mangeant des friandises que j’aime.
J’apprécie quand le soleil luit, quand l’air frais m’accompagne;,j’aime sentir la solidité de mes pas quand je vais marcher ,
De plus en plus, je veux prendre conscience que je peux m’accorder des moments privilégiés et ainsi rendre mon quotidien plus agréable à vivre.
J’ai surtout compris qu’il ne faut pas attendre que ce soit le temps rêvé pour s’accorder du bon temps.
Mille mercis pour ces deux beaux billets à propos de mon livre, Christine. J’adore ta vision du temps, une vision enfin « humaine » de cette terrible divinité qu’est Chronos.
Tu me demandes si j’ai l’impression de prêcher dans le désert. Ma réponse te surprendra peut-être, mais c’est : non. Car les idées que j’y présente se répandent de plus en plus. Par exemple, un PDG d’une firme montréalaise m’a indiqué que, ce printemps, il allait changer radicalement ses méthodes de gestion pour adopter ce que j’appelle le Cercle. Et d’autres grandes boîtes s’y mettent aussi ailleurs (sans avoir eu besoin de lire mon livre, bien sûr!) : Zappos, qui a pris la décision de fonctionner désormais en Cercle (http://www.washingtonpost.com/blogs/on-leadership/wp/2014/01/03/zappos-gets-rid-of-all-managers/).
À suivre, donc…
Olivier