Chargement de la page ...
skip to Main Content
+1 (514) 767-4596 info@christinelemaire.com
CC en.wikipedia.org
CC en.wikipedia.org

À mes débuts comme gestionnaire dans une grande firme montréalaise, une collègue m’avait maternellement donné ce précieux conseil : « Ne pars jamais d’ici sans ta valise, même si elle est vide… Les patrons aiment bien quand on apporte du travail à la maison.»

Ce phénomène est si courant que certains publicitaires s’en sont emparés. Voyez plutôt : après être passé chez Mc Do aux aurores, un employé vient savourer son Mc quelque chose devant son ordinateur du bureau… grâce auquel il est en ligne avec les autres joueurs de son jeu vidéo préféré. Son patron arrive après lui, ne voit que la mine concentrée de son employé et lui sourit, ravi.

À ce chapitre, certains employés chercheront à se duper eux-mêmes : ils partiront avec une valise bourrée de travail à rattraper… qu’ils laisseront dans l’entrée de leur maison jusqu’au lendemain matin. C’est qu’ils partagent la même perception que leur employeur :  la qualité du travail est étroitement liée au nombre d’heures passées à travailler.

L’affairement est un autre moyen de défense contre cette pression à « travailler fort ». Si on bouge beaucoup, on aura l’air de travailler beaucoup et si on a l’air de travailler beaucoup, il est certain que pas un patron ne pensera à abolir le poste que l’on occupe ou à donner plus d’ouvrage. En contexte de « right-sizing», le phénomène est fréquent, mais bien souvent illusoire.

Pressurisés par le temps, certains employés décideront de prendre leurs rendez-vous chez le médecin ou le dentiste en cours de journée. Malgré leur intention de ‘rembourser’ scrupuleusement ce temps de travail, ils partiront comme des voleurs ou prétexteront une rencontre chez un client. Évidemment, il y a des employé-e-s malhonnêtes. Mais quand on considère que les journées de travail ont tendance à s’allonger*, on peut penser que cette duplicité est inutile.

Devant l’employeur qui réclame la première place, il est difficile de justifier que la vie puisse être aussi ailleurs qu’au travail. Dans un contexte incertain, il faut du courage pour jouer ‘franc jeu’. Pourtant, les employeurs disent apprécier l’autonomie de leurs employé-e-s et, évidemment, leur honnêteté.

Employeurs et employé-e-s sont victimes d’un double discours. Alors que toutes les études démontrent qu’une vie harmonieuse est garante de la productivité de la main d’œuvre, alors qu’une bonne gestion du temps prétend nous faire éviter de travailler au-delà des heures normales, il reste une croyance judéo-chrétienne tenace qui veut que nombre d’heures et qualité de résultat vont de pair. Tant que cette idée reçue subsistera dans le tréfonds des consciences, elle fera obstacle à la vie heureuse en entreprise.

Certains de mes collègues partaient du bureau à l’heure et sans leur valise. Leur assurance me faisait envie. Moi qui rentrais au bureau bien avant le début officiel de ma journée de travail, j’arrivais difficilement à me convaincre de partir ne serait-ce que quinze minutes plus tôt. Alors, je partais avec ma valise…

 

* « En 2012, les Canadiens ont consacré 10,0 % de leur temps à un travail rémunéré, soit une augmentation d’un peu plus de 1,3 points de pourcentage depuis 1976, alors que ce taux était de 8,7 %. » Emploi et développement social Canada. http://www4.rhdcc.gc.ca/.3nd.3c.1t.4r@-fra.jsp?iid=19

 

 

Cet article comporte 0 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back To Top