Les spécialistes de l'exercice physique recommandent souvent d’intégrer la marche dans notre vie, si nous voulons rester en forme. De fait, si nous voulons marcher régulièrement, mieux vaut se donner un lieu d'arrivée. Par…

L’expression est usuelle chez les politiciens. Mais ils ne sont pas les seuls à s’en prévaloir. Que ce soit à la suite de résultats d’une élection désastreuse ou parce que l’on vient d’essuyer un revers cuisant dans le monde des affaires, la formule est consacrée : nous retrousserons nos manches et nous remettrons à l’ouvrage, avec encore plus d’ardeur qu’avant. Nous travaillerons plus fort et, la conséquence me semble aller de soi, plus longtemps.
Il y a quelques temps, j’écoutais un journaliste qualifier un artiste de « travailleur acharné ». Voilà une autre expression du sens commun qui sonne toujours comme un compliment. Mais encore ici, la notion de temps semble sous-entendue. Il faudrait se demander combien d’heures de travail par semaine peut-il valoir une telle appellation et sur quel autre temps de la vie cet acharnement a-t-il des conséquences.
Pour moi, dans les deux cas évoqués ici, le travail me semble présenté comme un refuge. Ces expressions évoquent une tendance à l’aveuglement : le travail en lui-même devient la réponse à tous les problèmes, sans qu’on ait à se poser des questions. Or, « travailler plus » pourrait nous amener à foncer tête baissée vers la mauvaise cible ou pédaler à toute vitesse alors qu’il faudrait plutôt ralentir pour éviter un mur, ce que les expressions « réfléchir plus » et « travailler mieux » ne feront jamais. Un échec n’impose pas toujours de faire plus, mais de faire autrement.
Pourquoi avons-nous ce réflexe de penser que, dans l’adversité, il faille faire toujours plus, ce qui implique, quand on parle de travail, de consacrer encore plus d’heures à la tâche que l’on s’est assignée?
Revenons sur les notions de planification et de contrôle. D’une part, la planification véritable, c’est bien plus que rentrer les étapes de la réalisation d’un objectif dans des cases horaires. Planifier, c’est réfléchir à la façon dont nous nous y prendrons pour bien faire et faire le plus efficacement possible. D’autre part, le contrôle ne cherche pas à punir ou récompenser. Il cherche à comprendre ce qui s’est passé. Il sert à réfléchir au résultat obtenu afin de faire mieux (et non faire plus) une autre fois. C’est grâce à la planification, dans son sens large, que l’on construit un projet et grâce au contrôle que l’on bâtit son expérience et sa compétence. Tout cela doit se faire dans une vision en spirale : planification et contrôle font partie en permanence de l’action. Ils en assurent la qualité.
Dans l’urgence, ces deux mots – planification et contrôle – sont rétrécis effroyablement. Car ils demandent qu’on réfléchisse posément, sans s’agiter, sans foncer tête baissée. Ils imposent le calme et le recul. Ainsi, au lieu de retrousser ses manches pour travailler avec acharnement, on devrait s’arrêter et réfléchir à une manière de travailler autrement.
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