Dans un livre sur l’innovation en marketing, Nathalie Joulin(1) souligne à quel point la créativité est capitale pour la survie d’une organisation. Pour elle, les individus employés dans les services…

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Quand je regarde mon agenda et mes listes de choses à faire, je me sens constamment tiraillée entre le fait de produire et celui de vivre. Comme tout le monde, je voudrais bien faire l’un et l’autre. Et, idéalement, que le produire incarne le vivre.
Toutefois, ce qui m’importe au-delà de la production, c’est ce qui « baigne » le tout, le climat, le soin, l’équilibre que je veux installer, l’harmonie que je veux atteindre. L’essentiel est que je plonge au cœur de ma vie, que je vive avec conscience, ouverture et amour.
Bien sûr, les choses à faire et les projets sont des manifestations de cet essentiel mais, à eux seuls, ils ne peuvent saisir la noblesse de cet élan. Les techniques de gestion du temps sont des outils très efficaces pour planifier les tâches quotidiennes. Pourtant, mes tentatives de les utiliser pour faire correspondre exactement le faire et l’être ont toujours abouti à ce que la montagne accouche d’une souris : l’être s’échappe du faire, il le dépasse, le fissure. Quand il ne le transcende pas, il le quitte, le vide, l’assèche. Combien de gestes posons-nous qui sont ainsi vidés de leur substance?
La gestion du temps est un outil : elle ne suffit pas en elle-même à garder l’être dans le produire. Il nous faut faire un effort supplémentaire ; c’est à nous d’être vigilant. Car la gestion du temps, elle, poursuit imperturbablement son chemin, sans se préoccuper de ce qu’elle laisse fuir en cours de route. La coquille, même si elle se vide, lui convient encore parfaitement.
Je veux me promener dans ma vie comme dans un jardin et profiter de sa beauté, la recevoir comme un cadeau toujours étonnant, avec mes sens et ma sensualité, avec mon cœur aussi bien qu’avec ma rationalité. Rester attentive au mouvement des choses, garder mon regard émerveillé.
Le temps panoramique me permet d’élargir ce regard pour découvrir et se laisser toucher par le monde, il me dit que l’exploration et la curiosité ont le droit de ne pas rapporter, dans l’immédiat. Le temps mosaïque me motive à travailler avec mes semblables à un monde meilleur, ici et maintenant, dans ma communauté mais dans un horizon que je ne toucherai pas. Le temps maillon, me dit que j’ai à être un témoin auprès de mes enfants. Le temps en spirale me donne le droit de me tromper. Le temps à double-fond me trouble et m’amène vers des contrées inconnues : celle de la pleine conscience de vivre.
Les techniques de gestion de temps ont le grand mérite de nous permettre de faire le ménage, de libérer et de contrôler certains aspects de notre vie. Mais si nous ne faisons rien avec ce temps libéré, rien que de faire encore plus; si nous n’apprenons pas à apprivoiser toutes les textures qu’il nous offre, bref, si nous n’en profitons pas pour continuer à marcher et approfondir notre conscience de vivre, elles n’auront servi à rien. Le temps libéré sera bien vite envahi, la gestion ne nous servira qu’à produire; le serpent se mordra la queue.
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