Nous avons beau gérer notre temps avec la meilleure volonté du monde, cibler et planifier avec compétence, nous aurons toujours une inquiétude, une attente ou un contretemps pour nous déconcentrer,…

La semaine dernière, j’ai assisté à une conférence du Dr Serge Marquis, médecin spécialisé en santé communautaire et en santé au travail. Le sujet de son intervention était le stress et sa question de départ: « ai-je encore du pouvoir sur ma vie? »
Le docteur Marquis est un personnage haut en couleur. Pas besoin de Power Point sophistiqué pour nous captiver; il parle avec son corps et son cœur autant qu’avec sa voix. Voilà un bien beau spectacle.
Il nous a parlé de l’importance de donner un sens à sa vie et nous a invités à suivre les quatre principes de Stephen Covey: vivre, aimer, apprendre et transmettre*. Mais il nous a aussi parlé de nos limites et de l’importance de savoir les reconnaître et les respecter; comme l’alpiniste, tout près d’arriver au sommet de l’Everest, qui doit avoir le courage de rebrousser chemin lorsque les guides de montagne lui affirment que la température vient de changer et que la poursuite du parcours mettrait sa vie en danger. Il a parlé de la nécessité de savoir quand il faut lâcher prise.
Il nous a raconté qu’un jour, il avait été invité par un cabinet juridique à venir discuter d’une éventuelle conférence sur le stress destinée aux employés. Il fut bombardé de questions et finit par se rendre compte que ce que son client potentiel n’admettait pas est qu’il allait mentionner et discuter du mot « limite ». Ce mot impie et blasphématoire ne cadrant pas dans une philosophie de gestion axée sur la performance à tout prix, la conférence n’a jamais eu lieu.
Pour revenir à l’image de la jarre, je me suis dit que, dans bien des organisations, on refuse de voir les employés autrement que comme des gros bocaux sans grâce. Pas de flutes à champagne, pas de jolis verres à vin, pas de beaux verres à cognac. Que des gros bocaux qui sont capables d’en prendre.
Nous vivons dans ce climat-là, selon cette croyance-là, sous cette férule idéologique.
Pourtant, le Dr Marquis nous a parlé de belle façon d’une relation possible entre le contenant et le contenu. Il dit qu’il s’agit d’un équilibre entre nos défis, qui donnent du sens, et nos limites qui, elles, célèbrent notre humanité. Comme une danse où nous serions pleinement conscients, vigilants, et donc vivants.
Grâce à cette métaphore, Serge Marquis intègre un élément essentiel, dont l’image de la jarre ne tient pas compte: le mouvement. Nous sommes des êtres vivants, en mouvement. Nous ne sommes pas des choses statiques, immobiles, imperturbables. Nous cherchons l’équilibre, l’atteignons, le perdons ensuite, puis le récupérons. C’est la vie qui coule dans nos veines, c’est l’énergie qui fluctue, fragile en certains moments, jaillissante dans d’autres.
Nous ne sommes pas de grosses jarres. Mais nous…. nous pouvons danser!
* Nous y reviendrons; je suis moi aussi une fan de Covey.
Note: Serge Marquis vient de publier un livre: Pensouillard le hamster, aux éditions Transcontinental.
Lectures complémentaires: Équinoxe… un équilibre fugace; Les dessous de l’histoire
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