« C'est par notre libération intérieure que nous nous libérerons de l'étreinte étouffante du temps, et non l'inverse. » (Michel-Maxime Egger) En cette période où la vie jaillit, où la terre embaume,…

Dans son livre « Priorité aux priorités »*, Steven Covey nous dit que la réflexion qu’il nous propose de faire ne servira qu’à une chose: nous faire prendre une pause.
En fait, il ne l’explique pas ainsi. Il nous dit plutôt que la démarche proposée aura pour effet d’installer un espace entre les stimuli et nos réponses. En d’autres mots, chaque fois que nous ferons face à un événement, une question, un besoin, une sollicitation — le stimulus –, nous aurons le pouvoir de nous arrêter — le temps d’un souffle, peut-être — pour confronter les réponses possibles avec nos valeurs, nos idéaux, notre mission. Nous aurons alors une base solide sur laquelle appuyer nos « réponses »; nous aurons ainsi moins à réagir en fonction du vent et plus en fonction de notre élan vital.
Les psychologues nomment ce temps ou cet espace « être témoin ». Il s’agit d’une position que l’on développe après de longues heures de travail sur nous-même et qui permet de nous « voir aller », comme si nous étions sortis de notre corps et posés sur notre épaule. Encore une fois, cette distance se fait le temps d’un souffle, d’un court moment, mais elle suscite des prises de conscience salutaires. Ce temps sert à confronter nos réponses aux stimuli avec ce que nous voudrions voir advenir dans notre vie.
Enfin, le populaire blogueur américain Leo Babauta, nous avoue que le fait de prendre des pauses a été l’habitude qui a tout changé dans sa vie. Pour les mêmes raisons que Covey ou les psychologues. Dans un texte intitulé: « La pause sur laquelle tout le reste repose »**, il vante les vertus de ce petit temps installé entre le stimulus et notre réponse.
Notre société nous pousse dans le dos, constamment. Même les personnes au tempérament le plus égal se voient ballottées d’une urgence à l’autre. Ces urgences sont souvent des sollicitations extérieures, mais ce sont aussi nos milliers de besoins qui montent et éclatent comme les bulles d’une boisson gazeuse: une fringale, un nouveau t-shirt, le besoin d’aller lire nos courriels, de répondre au téléphone, etc.
La capacité de prendre une pause, de « respirer par le nez » comme on le dit si justement, nous fait prendre la juste mesure de tous ces stimulis. Peut-être le seul fait de respirer profondément 2 ou 3 fois réussira à faire passer certaines demandes intempestives. Cela permettra toujours d’observer la situation d’un autre angle, de réévaluer les priorités, de démasquer les fausses urgences.
C’est une habitude qui se prend à force de temps et d’entêtement.
Comment faire? Guetter la prochaine sollicitation, le prochain sentiment d’urgence. S’arrêter quelques secondes dans la « non-action », dans la respiration, avant d’agir. Au début, sans doute agirons-nous exactement de la même façon que si nous n’avions pas fait de pause. Mais peu à peu, notre détermination à dégager cette bulle de temps, nous amènera vers d’autres décisions, vers d’autres actions…
Et Leo Babauta de soupirer: « Une si petite chose… mais si puissante! »
PS: J’ai écrit cet article il y a plus de deux semaines. Mais aujourd’hui, « respirer par le nez », c’est ce que je souhaite à toutes les parties en cause dans le conflit étudiant.
* COVEY, Stephen et al. Priorité aux priorités, Paris, First, 1995 (1994).
** BABAUTA,Leo. « The pause upon wich all else relies », www.zenhabits.net, 9.02.2012
Le temps d’une pause, le temps d’une grande respiration peut permettre que surgisse une nouvelle manière de répondre aux urgences qui constamment nous assaillent… Mais il n’est jamais simple de questionner les «priorités des priorités», il faut du courage… la grande respiration nous rappelle qu’il faut avoir ce courage.
Respirer par le nez, c’est prendre le temps de se remettre en question. Et, tu as bien raison, cela prend du courage et de l’intégrité.