Nous avons beau gérer notre temps avec la meilleure volonté du monde, cibler et planifier avec compétence, nous aurons toujours une inquiétude, une attente ou un contretemps pour nous déconcentrer,…

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La « matrice d’Eisenhower », du nom du président américain qui l’utilisait, est à la base de l’une des plus célèbres méthodes de gestion du temps. Steven Covey, son concepteur et le co-auteur du livre à succès Priorité aux priorités, nous demande de classifier nos actions en quatre catégories ou quadrants: (1) urgent et important, (2) important mais non-urgent, (3) urgent non-important et, enfin, (4) non-urgent et non-important.
Covey nous enseigne comment consacrer le plus de temps possible aux activités du quadrant 2. De cette façon, nous préviendrons les surchauffes car ce qui aura été réglé dans le quadrant 2 a moins de chances de traverser dans le quadrant 1. Enfin, pour lui, les activités des deux autres quadrants sont à réduire, autant que possible. Si on veut avoir plus de temps, ces deux quadrants en sont une source presque intarissable.
Tout cela m’a toujours paru plein de bon sens. Par exemple, je refuse toujours de répondre à un sondage téléphonique, urgent parce qu’il faut le faire tout de suite mais sans conséquence. Il est certain aussi que certaines émissions de télé sont des cas flagrants de quadrant 4.
Cependant, l’ hyper rationalité de cette méthode m’a causé quelques difficultés et j’ai fini par me douter que la vie n’obéissait pas toujours à une classification aussi rigoureuse. Je donne souvent l’exemple de ce téléroman tant apprécié par notre ado et que l’on prend le temps de regarder avec elle. Peut-être ne se passera-t-il rien du tout. Mais peut-être aussi que ce temps passé côte-à-côte donnera lieu à une conversation qui approfondira notre relation. Cette action typique du quadrant 4 vient alors de sauter dans le quadrant 2, tout simplement parce que nous avons su nous rendre disponible.
Alors comment y voir clair? Il faut, me semble-t-il, aborder la question sous l’angle du contrôle. Notre volonté nous permet de traduire le sens que nous donnons à notre vie en agirs concrets. Elle veille à ce que « nous nous réalisions » en tant qu’être humain. Le quadrant 2 renferme ces projets issus de cette volonté, que nous avons planifiés parce qu’ils nous tiennent à cœur.
Mais au-delà de l’important, il y a l’essentiel. Et l’essentiel se présente quand et où il veut. Il ne s’occupe pas de savoir dans quel quadrant il faut se situer. Le quadrant 2 renferme l’essentiel sur lequel nous tentons d’exercer un certain contrôle. Mais la vie, c’est un mélange de volonté et de réponse à l’inattendu.
L’essentiel contient l’important, mais l’important ne peut saisir à lui seul l’immensité de l’essentiel. Car l’essentiel déborde les limites de notre raison et de notre volonté. Ainsi, si vous avez comme valeur la solidarité, vous aurez peut-être le projet de vous impliquer dans une cause sociale. C’est le résultat de votre effort de volonté et de cohérence. Mais, si votre voisin vit une situation pénible, vous saurez aussi, que la solidarité, même si elle n’est pas planifiée, même si elle se présente dans le quadrant 3, peut se vivre malgré tout.
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