Cette semaine, j'ai vécu une étape importante de mon parcours doctoral: j'ai passé avec succès mon examen de synthèse. Depuis avril que je travaille là-dessus. Ma directrice m'avait préparé une…

Au fil de mes réflexions sur le temps moderne, je constate à quel point des valeurs comme le soin ou la bienveillance sont souvent exclues de l’agenda « efficace ». Tout comme la passivité (le non-faire, la non-intervention) et le goût du quotidien. Selon Valérie Colin-Simard, auteure du livre Quand les femmes s’éveilleront, ces valeurs relèvent du féminin (le yin de la philosophie chinoise) qui, s’il fut déjà l’apanage exclusif des femmes, doit maintenant être assumé par les deux sexes. Cet enjeu m’apparait de plus en plus central dans l’atteinte d’un rapport au temps pacifié.
Valérie Colin-Simard n’a pas la tâche facile. Contre vents et marées, elle cherche à réhabiliter le féminin qui, selon elle, est presque éradiqué de la surface de la terre. Nous vivons une époque de triomphe complet du patriarcat. Tout ce qui appartient au féminin –toutes les valeurs que porte ce pôle—est discrédité autant aux yeux des femmes qui frémissent devant les mots passivité, douceur ou soumission, qu’à ceux des hommes qui n’osent pas toujours les reconnaitre en eux-mêmes et encore moins dans une société qu’ils ont créée ‘ à leur image’.
C’est pour cela qu’aujourd’hui, toujours selon l’auteure, les femmes sont si souvent en détresse. Elle y voit aussi une explication à l’existence du fameux plafond de verre: ce ne sont pas toutes les femmes qui sont prêtes à rejeter leur être profond, à renier ce qui les anime pour s’intégrer à la sphère professionnelle qu’elles n’ont pas encore contribué à façonner.
Pour la psychologue, les valeurs attribuées au féminin doivent impérativement être réintégrées dans la société si on veut éviter la catastrophe. Avec l’économisme et la financiarisation de nos sociétés, nous ne parlons plus que de performance, de compétitivité, de rentabilité, d’efficacité. L’auteure montre à quel point ces valeurs du yang deviennent arides et perdent leur humanité quand elles ne sont pas contrebalancées par le pôle yin. Elle affirme que l’absence de valeurs telles que la profondeur, la passivité, la spiritualité, la douceur, le soin, la relation, par exemple, provoque un déséquilibre qui met notre planète en péril et toute l’humanité avec elle.
La première fois que j’ai animé un atelier sur le temps écosystème, en expliquant qu’il fallait respecter le temps et le soigner, un homme de l’auditoire m’a dit : « C’est des affaires de femmes.» Le ton n’était ni méprisant, ni même condescendant. Pour lui, cela semblait plutôt une évidence. Depuis, je n’ai plus jamais reçu ce genre de commentaire et bien des hommes se sont montrés très ouverts à cette approche. Toutefois, les mots de ce participant ne m’ont jamais quittée. Je me sais très influencée par l’écologie, mais je me demande souvent si le fait que je sois une femme colore de façon particulière ma vision du temps. Valérie Colin-Simard me dirait que oui et qu’il était temps… Je le crois aussi!
Source : Colin-Simard, Valérie. Quand les femmes s’éveilleront…, Paris, Albin Michel, 2011, 295 p.
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