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CC CLemaire
CC CLemaire

Début janvier 2015. Je commence ma deuxième session de séminaires. J’ai reçu les plans de cours et je lutte contre la panique. Ma première session s’est bien déroulée : il y aurait de quoi me rassurer. Pourtant, ma candeur d’alors ayant disparu, je trouve ce début-ci plus difficile. Je sais ce qui m’attend.

Des textes nombreux et denses qui provoquent un flot d’idées, de liens, d’amorces de réflexion, d’avenues de recherche. C’est tellement intense que je dois m’arrêter, pour respirer et attendre que la vague retombe. Peut-on parler de textes épuisants? Oui, je le pense.

Des travaux exigeants, à rédiger lentement, remettant cent fois sur le métier mon ouvrage, afin d’en donner encore, de faire aboutir une pensée, préciser un propos, peaufiner une phrase. Tout cela envahit ma vie. Une bulle se forme dans laquelle je m’enferme avec un plaisir parfois coupable.

Nous vivons tous et toutes ce type de projet : qui démarre une entreprise, qui cherche de nouveaux clients pour la sienne, qui entreprend la rédaction d’un roman ou la rénovation de sa cuisine, qui vient de changer d’emploi ou d’avoir une promotion.

Avec mes nouveaux collègues, j’ai pu partager nos projets de thèse, et la vie dans laquelle ces projets s’inscrivent : nous avons nos contraintes, nos priorités, nos plans à long terme.  La perspective d’observer ces projets évoluer est un intérêt de l’aventure que je n’avais pas prévu. Je verrai ces autres projets prendre forme et s’épanouir. Pour moi qui travaille sur le temps, c’est captivant!

J’ai d’autres ambitions que la carrière universitaire. Pourtant, les  pressions subies par la plupart des gens du milieu est si forte qu’elle a bien failli m’envahir, moi aussi. Au cours de la dernière session, j’ai dû me recentrer plusieurs fois sur mon projet à moi : accompagner et nourrir des réflexions personnelles sur le temps. À ce chapitre, mon sujet de thèse se précise et s’affirme. Ma réflexion a fait des bonds de géant. Tout ce qui était flou commence à prendre forme.

Je vais à mon rythme. Ma famille, principalement mon conjoint, sont des alliés précieux. Je cherche à m’accepter telle que je suis dans ce processus exigeant, stimulant, passionnant. En essayant de ne pas oublier que ce qui compte par-dessus tout, c’est le fait que je puisse demeurer une humaine complète, avec les gens que j’aime, mes intérêts, mes valeurs, mon essentiel.

Le projet envahit, il nous impose ses contraintes, ses exigences, ses échéances.  C’est la beauté de la vie, ces débordements, mais c’est aussi sa difficulté. Nous voudrions bien que notre horaire ait l’air d’un casier bien rangé, avec de beaux tiroirs qui se referment, bien étanches, quand nous quittons notre table de travail. Mais le temps est vivant, il est foisonnant. Et un projet imprègne le tissu du temps, il s’infiltre, il s’insinue partout, nous faisant parfois perdre le sentiment de l’instant, de l’ici.

Cet ici, cet instant, qui portent pourtant la vie réelle : le présent.

Cet article comporte 4 commentaires

  1. Bonjour Christine,
    Comme tu dois t’en douter, ton texte me rejoint dans mon projet d’études. Me recentrer, me rappeler pourquoi je suis là et laisser mes collègues suivre leur route. Voilà des dimensions importantes à considérer si je veux rester présente à ma vie et être disponible pour ce qu’elle a à m’offrir.

  2. Madame Lemaire,

    Vous êtes vraiment inspirante!
    Effectivement, ces projets s’insinuent partout, ces infiltreurs. Une chance qu’on garde la tête froide, le plus souvent possible…mais en même temps, c’est tellement l’fun, grisant!
    Bon succès dans votre présent et dans votre futur.

    1. Bonjour MONSIEUR Comtois,

      Oui, c’est vrai que c’est grisant. Ce sont les plus beaux projets, ceux qui nous tiennent le plus à coeur et qui ont pour nous le plus de SENS qui sont les plus « infiltrants », d’où l’importance d’en être conscient afin de garder l’équilibre entre eux, notre présence auprès de nos compagnons de route, et le soin de notre temps. Parce qu’un projet a beau être enlevant, stimulant, captivant, il n’en reste pas moins qu’il peut nous mener aux bords de l’épuisement. Merci pour ce beau commentaire!

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