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Hier, la population mondiale a atteint 7 milliards de personnes. Mais dans le temps maillon, nous sommes bien davantage; probablement des centaines de milliards d’hommes et de femmes. Toutes ces vies, plus ou moins longues, représentent des milliers de milliards d’heures, nous transportant dans l’infiniment grand, dans le difficilement saisissable, même pour nos esprits scientifiques. De fait, seules la poésie et la spiritualité pourraient prétendre les envisager.

Le temps maillon, c’est notre temps individuel inscrit dans le temps cosmique. C’est donc le temps le plus généreux qui soit! Nous sommes un point dans ce temps-là. Ce rapport au temps nous accroche littéralement à nos ancêtres d’un côté et à notre descendance de l’autre. Si le temps linéaire nous fait considérer le temps du point A au point B, le temps maillon, lui, nous fait prendre conscience de la lignée entière. Immensément longue jusqu’à nous, cette lignée pourrait encore s’étendre très longtemps.

Notre individualité pourrait sembler dérisoire dans ce temps-là. Mais rien n’est jamais dérisoire du point de vue du temps généreux. Nous sommes un maillon de la grande chaîne humaine. Et, comme chacun sait, une chaîne est toujours aussi forte que son maillon le plus faible.

D’où notre responsabilité.  Nous qui sommes des êtres tellement responsables — responsables de notre famille, responsables de nos projets, responsables de nos engagements, responsables vis-à-vis de nos patrons, de nos clients, etc. — semblons avoir perdu de vue l’importance de cette responsabilité-là. Parce qu’elle échappe à notre façon très individualiste d’établir nos responsabilités. De fait, dans le temps maillon, ce n’est pas nous qui avons fixé les objectifs, et ce n’est pas nous non plus qui verrons les résultats. De quoi nous démotiver à l’assumer.

Pourtant, nous sommes probablement la première génération à avoir perdu conscience de cette obligation ultime de constituer un maillon solide pour tous ces humains, qu’ils soient derrière ou devant, toutes ces vies, toutes ces luttes et toute cette espérance.

Dans bien des cultures, l’hommage aux ancêtres est encore bien présent et j’ai raconté, lors de mon dernier article, que nos aïeux avaient la charge d’assurer le salut des morts. Pour les Abénakis d’Odanak, c’était une responsabilité telle qu’elle était donnée dès le berceau. De fait, dans le rituel d’accueil aux nouveaux nés, on leur disait: « Tu es un ancêtre pour les générations qui ne sont pas encore nées. Soit le bienvenu parmi nous.»

La semaine dernière, le directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour les populations a déclaré:  «Au lieu de dire « Sommes-nous trop nombreux? », nous devrions nous demander « Que puis-je faire pour améliorer notre monde? »» Ainsi se plaçait-il dans un rapport au temps autre que linéaire, individualiste et à courte-vue. Il se plaçait en un point de la chaîne humaine, dans un rapport au temps maillon.

 

Sources: Odanak, musée des Abénakis, juillet 2010; DEGLISE, Fabien. « 7 milliards d’humains– Nouveau seuil, graves questions », Le Devoir, 31 octobre 2011.

Cet article comporte 4 commentaires

  1. Wow! depuis que je te lis tu fais penser d’apprécier tout ce que l’on possède de beau en nous et de voir que cela ne prend pas beaucoup de choses pour vivre du bonheur dans la bonne humeur. Je suis contente de lire ce que je lis depuis un mois. Continue ton beau travail. BYE!

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