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CC nicolas_gent

Il y a quelque chose qui me plait profondément dans la modernité. C’est le fait qu’elle remette la totale responsabilité de ma vie entre mes propres mains. Je suis seule à tenir le gouvernail. C’est un sentiment grisant, par temps clair et quand le vent est bon.

Ainsi, j’ai, me dit-on, tout ce qu’il faut à ma disposition pour faire de ma vie exactement ce que je veux en faire. Elle sera le résultat de ma compétence et de mes efforts. Remarquez, cette idée est pleinement « néolibérale »: si j’étais pauvre et sans éducation, ce serait encore de ma faute. C’est le revers de la médaille.

Pour accomplir ce que je veux accomplir, on me propose d’employer mon temps au mieux, d’utiliser des outils qui me permettront d’aller là où je veux aller. Ces outils ont été élaborés par la gestion du temps: la planification, les objectifs, les plans d’action, le discernement des priorités.

La gestion du temps m’aide à cibler avec précision un point d’arrivée. Car «  il n’y a pas de bon port pour celui (ou celle) qui ne sait pas où il va ».  Elle m’aide à évaluer lucidement mes forces et mes faiblesses, mes envies et mes limites. Pour atteindre mes objectifs, elle me recommande de les découper en étapes, de faire des  évaluations régulières, de mesurer le temps et les ressources employées pour y parvenir. Puis elle me motive à poursuivre mon chemin, vers l’étape suivante, vers l’objectif suivant.

Mes grands-parents, eux, avaient une autre vision de leur vie. Ayant la foi du charbonnier, ils ne se voyaient pas seuls à la barre de leur navire. Il y avait la Providence, le Destin, Dieu et tous les saints qui, en toutes circonstances, les accompagnaient. Ils croyaient que, peu importe ce qui leur tomberait sur la tête comme épreuve ou comme chance, en faisant chaque jour de leur mieux, ils auraient « un paradis à la fin de leur jour ».

Il y avait donc, en eux, une assurance : celle de n’être en contrôle de rien. Mais aussi celle qu’une autre force que la leur pourrait suppléer à leurs manques, à leurs limites.

Moi, peu importe mes croyances, j’ai l’impression d’avoir reçu toute la mise d’un coup. J’ai l’impression qu’en cours de route, tout ce que je perdrai sera irrémédiablement perdu, mais tout ce que j’aurai gagné, je ne pourrai le devoir à personne d’autre qu’à moi-même. C’est une lourde responsabilité, tout compte fait…

La gestion du temps me fait considérer ma vie comme la terre, avant Galilée. Elle est plate et, au-delà de l’horizon, le bateau tombe dans le vide. Il n’y a aucun filet de sécurité, personne pour venir me sauver, aucune rondeur bienveillante. En dehors d’elle, point de salut.

Mes grands-parents avaient foi en leur vie. Je ne réussis qu’à avoir le contrôle.

Et je voudrais réintégrer, au fil de mes jours, un peu de confiance…

 

Cet article comporte 3 commentaires

  1. Mes grands-parents avaient foi en leur vie. Je ne réussis qu’à avoir le contrôle.

    J’aime bien ce constat…

    Parfois je me demande si ce n’était pas plus facile pour eux de géré leur temps..avec la montagne de travail qu’ils abattaient ils réussissaient a arrrêter complètement une journée semaine, et comme je lis beaucoup sur les histoires de premiers colons , ils étaient sur leur galerie tous les soirs ou presque…tout l’été et jouissaient de leur lacs pour pic nic. et c etc ..
    Pas beaucoup de gens font ça aujourd’hui, ills vons se changé les idées dans les Centre d’Achat…ne sachant plus comment utilisé leur temps en restant en famillle comme autrefois..

    C,était mon petit clin d’oeil …

  2. Je me fais l’avocat du diable..
    Dans «Le Passeur» écrit par Lois Lowry, Les gens de toute la communauté n’ont aucune décision à prendre. et une seule responsabilité : celle bien faire ce qu’on a choisi pour eux d’exécuter.
    Et ils paraissent heureux.
    Celui qui a choisi de déroger à la règle en est mort.. J,ai été émue de cette fin.
    Ton blogue montre que les meurs ont bien changés.

  3. Puis quand quelqu’un n,a pas le tempérament assez fort, ou assez décidé pour prendre des décisions ,
    que fait-il?
    C’est là que l’éducation dans la petite enfance fait toute la différence . Et encore….

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