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Grant Wood CC fr.wikipedia.org
Grant Wood
CC fr.wikipedia.org

Dernièrement, une commentatrice fidèle et appréciée de ce blogue se demandait si la gestion du temps n’avait pas été inventée en même temps que l’agriculture.

Une chose est certaine : de tout temps, les gens ont voulu bien employer le temps et obtenir un résultat satisfaisant pour les heures et les efforts consacrés à leur travail. Mais s’il s’agit de bien utiliser le temps, il ne s’agit pas de le gérer. Si la planification, l’organisation, la décision et le contrôle faisaient partie de la vie en campagne, le rapport au temps était très différent.

La gestion standardise notre rapport au temps. Pour nous, une seule vitesse : rapide. Un seul rythme : uniforme. Or, ni les humains ni la nature ne vont vite tout le temps. Comme on le dit souvent, nul ne peut tirer sur un plant pour « accélérer le processus ». La paysanne peut planifier ses semailles et ses récoltes, mais cette planification n’a pas la même envergure puisqu’ elle doit d’abord se soumettre à la nature.

Le paysan n’a pas une conscience du temps linéaire aussi aiguë que le travailleur d’aujourd’hui. Pas de pointeuse dans son cas : il peut tout à fait commencer sa journée un matin à 6 h et l’autre à 6 h 30. La pause se présente à la fin d’une tâche et non à une heure précise. Il n’a aucun rendez-vous, pas de réunion, pas de collègue à remplacer dans un quart de travail.

Alors que nous souhaitons une séparation aussi étanche que possible entre les différents domaines de notre vie (travail, famille, soins personnels, etc.),  nos ancêtres paysans accomplissaient leur travail quotidien en famille et les travaux d’envergure (boucherie, construction d’une étable, cabane à sucre) se faisaient en communauté. Les catégories qui sont installées dans nos vies n’existaient pour ainsi dire pas.

Nous tentons aujourd’hui de traiter de la même façon le succès de notre vie de couple et la rénovation de notre maison. Nous établissons des objectifs et des plans d’action. Sans voir qu’en faisant ainsi nous nous cantonnons dans le faire. Cela peut être pertinent pour le projet de rénovation, mais la vie de couple demande aussi l’écoute et la disponibilité. Elle demande souvent de ne pas aller trop vite, ne pas toujours attendre un retour immédiat sur l’investissement de temps que l’on y met.

Enfin, la volonté de contrôler était quelque chose d’absolument incertain. Dans le cas de nos ancêtres chrétiens, cela aurait même pu passer pour de l’arrogance. Car seuls Dieu et la nature avaient le dernier mot sur le travail que l’on accomplissait. Il suffisait qu’une tempête de grêle s’abatte sur une récolte pour que les fruits d’une année de labeur soient sacrifiés.

L’absolue vulnérabilité de nos ancêtres devant la vie les empêchait de prétendre à un pouvoir aussi absolu sur le temps. La gestion du temps prétend nous donner ce pouvoir. Évidemment, nous ne vivons plus dans le même temps qu’alors. Mais nos problèmes de surchauffe de l’agenda ne viendraient-il pas de la part illusoire d’une telle promesse?

 

Cet article comporte 1 commentaire

  1. Bonjour Christine,

    En te lisant je suis toujours étonnée de constater la grande logique de l’existence et ta capacité de la décortiquer à bon escient. . J’aime te lire et prendre connaisance,tout en m’y enrichissant ,de ta réflexion sur le temps.
    Le temps du psychologique et probablement aussi celui du spirituel doivent probablement i faire partie aussi de ta réflexion , car je les vois teinter la plupart de nos engagements au quotidien même que je les vois souvent àalimenter la racine même de notre idendité profonde.

    Bye Bye tante Jeannine

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