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CC Auntie P Flickr.com
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Vous aurez une grosse journée. Un important rapport est à rendre demain et il vous reste beaucoup de travail : des renseignements à vérifier et une conclusion mal ficelée qu’il faut reficeler. De plus, le mardi est la journée des réunions, sans compter toutes les autres interruptions possibles.

Or, vous ne  vous sentez pas trop d’attaque. Votre conjoint affiche depuis une semaine un air préoccupé. Il refuse absolument de vous en parler, promettant qu’ « il n’a rien », que vous n’avez pas à vous inquiéter. C’est quand il dit ça que c’est le plus inquiétant. C’est pourquoi vous avez très mal dormi la nuit dernière. Ce matin, une petite migraine menace.

Pourtant, votre plan de travail était au poil, avec des étapes parfaitement identifiées, des résultats attendus précis, des sous-objectifs clairs. Or, vous avez l’impression que, pour respecter votre échéancier, vous avez parfois dû hâter une réflexion au lieu de la laisser suivre son cours, que vous avez eu à « tourner les coins ronds », et que, ce matin, la dernière étape de bouclage ne semble vouloir révéler que ce que vous avez balayé sous le tapis. Bref, une insatisfaction critique, sournoise, vous enlève le goût de terminer.

Vous hésitez donc à prendre le taureau par les cornes. Vous vous attardez près de la machine à café, vous décidez de prendre vos courriels et de vider votre boîte vocale. Vous êtes consciente que vous sacrifiez ainsi du « bon » temps, une case horaire propice à l’effort intellectuel. Alors, en plus des préoccupations et du mal de tête, une petite voix pas très sympathique vous accuse de procrastiner.

La planification s’élabore dans un temps en ligne droite : le temps linéaire. On pourrait dire que ce temps est simple et idéal. A mène à B et B mène à C, dans un contexte où tout est censé bien se passer. Cela peut être la réalité, mais seulement quand les astres s’alignent, quand aucun contretemps ne se pointe à l’horizon.

Le problème, c’est que le temps est complexe.

Le temps est panoramique : ainsi, vos préoccupations quant à votre conjoint vous ont tout du long distrait de votre objectif, perturbant, par le fait même, la focalisation, « ralentissant » le processus. Le temps est un écosystème : la migraine et le mauvais sommeil ont un impact sur votre énergie. Les écosystèmes voisins, particulièrement celui de votre patron et sa « réunionite », nuisent à votre concentration sur ce qui devrait être votre priorité.

Le temps tourne en spirale : votre réflexion a piétiné, certains délais ont ralenti votre rythme, à certaines étapes. Une montagne ne se grimpe pas nécessairement toujours à la même vitesse et, parfois, les sentiers en lacets sont nécessaires. La réalité a déjoué la planification.

La conscience du temps multiple vous aurait sans doute rendu plus lucide et réaliste. De plus, au lieu du café, des conversations futiles et des courriels, vous auriez peut-être tenu compte de l’envie qui vous habite : envoyer un texto à votre conjoint pour dire ce qu’il est essentiel de dire, ici et maintenant : « Je suis là et je t’aime ». Vous auriez alors eu la conviction que ce que vous faisiez n’est pas de la procrastination, mais bien ce qu’il fallait faire pour rétablir un peu de paix dans votre jardin temporel.

Et, peut-être que, sachant tout cela, vous auriez pu voir les choses de façon plus positive, saluant au passage votre humanité imparfaite, vos efforts, votre courage et votre détermination.

Et, peut-être que la mauvaise petite voix se serait tue.

 

Cet article comporte 1 commentaire

  1. Ah! Que ce billet me fait du bien! L’écosystème de mon temps est complexe et fragile, comme le texte le décrit si bien. Dans mon for intérieur, la petite voix est souvent celle du reproche, de la culpabilité, de cette impression de ne jamais suffire à la tâche….

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