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© jon.hayes

Le temps occidental est linéaire, comme tu dis: un événement en suit un autre, et les journées du Robinson de Tournier sont toujours penchées en avant, les unes mènent aux autres, dans le souci permanent du futur. Les journées de Vendredi sont toutes autres, sans attente, dressées vers le soleil, dans la joie du présent.*

Je cherchais une image forte pour distinguer les notions de faire et d’être. Celle-ci, empruntée au livre de Kim Thúy et Pascal Janovjak, me semble bien refléter cette distinction.

De fait, nous sommes toujours en train de faire quelque chose… même quand nous méditons, même quand nous attendons. Même ne rien faire, en admettant que nous puissions y arriver, c’est encore du faire, du faire négatif, du faire à l’envers…

Être, c’est bien beau, c’est l’essentiel, mais il faut bien que ça se passe dans notre corps, puisque nous sommes des êtres incarnés.

En se référant à l’image des personnages de Michel Tournier**, Pascal Janovjak met le doigt sur une distinction fondamentale: tout tient à la position dans laquelle nous sommes lorsque nous faisons. Tout dépend de notre attitude…

Ainsi, quand nous marchons à la découverte de qui nous sommes, quand nous respectons notre essence, quand nous arrivons à être pleinement conscients de la vie en nous, ici et maintenant « dressés vers le soleil » ou le visage offert au vent, nous sommes — peu importe ce que nous sommes en train de faire.

C’est une grâce. Mais ce n’est pas un don… Car cela se développe, cela se travaille; un travail qui nous remet au monde chaque jour.

Pourtant, nous sommes souvent portés à marcher penchés. Contre vents et marées, nous regardons le bout de nos souliers, le prochain pas, tirés en avant par le fil invisible des choses que nous avons à faire, dans la linéarité, une action suivant l’autre, jusqu’à la fin de la journée, la fin de l’année, la fin de la vie…

Pourquoi cette détermination obtuse, pourquoi cette absence totale de légèreté? Il faut chercher dans chaque vie pour trouver la réponse à cette question. Mais il faut dire aussi que nous vivons dans une société où la résolution semble se confondre avec le sens et tenir lieu de direction.

Mais déjà, si nous arrivons à trouver des bribes de réponse pour soi, alors, le fardeau s’allège, les vents sont moins contraires; nous flottons sur la vie… Un moment, un tout petit moment…

Nous arrivons alors à être. C’est la trêve, c’est la réconciliation avec nous-mêmes, l’unité effleurée.

Un instant de paix.

Le temps à double fond.

 

 

* THUY, Kim et Pascal JANOVJAK. À toi, Montréal, Libre Expression, 2011, p. 87-88.

** Qui nous offre une réécriture du Robinson Crusoé de Daniel Defoe. TOURNIER, Michel. Vendredi ou Les limbes du Pacifique (Gallimard, 1967) et son adaptation pour les jeunes: Vendredi ou la vie sauvage, (Gallimard, 1971)

Lectures complémentaires: Le temps écosystème; Comme une danse.

Cet article comporte 2 commentaires

  1. Bonjour Christine,

    Franchement tu ne cesses de m’épater. Je lis les textes du jour et j’ai en tête les deux seules heures que tu mets à les pondre. Outre le contenu toujours intéressant, collé à notre vécu ,la composition qui sert les idées fraîches et dynamisantes, est bonne et intéressante.Continue C’est bon et beau!

    Tante jeannine.

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