Un objectif s’élabore dans un espace bien circonscrit que les théoriciens de la gestion du temps nomment «zone d’influence*». Cette zone délimite les domaines et les lieux où nos actions peuvent…

Où en sommes-nous, ma pauvre Électre, où en sommes-nous?
Électre : Où en sommes-nous?
La femme Narsès : Oui, explique! Je ne saisis jamais bien vite. Je sens évidemment qu’il se passe quelque chose, mais je me rends mal compte. Comment cela s’appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd’hui et que tout est gâché, que tout est saccagé et que l’air pourtant se respire, et qu’on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s’entre-tuent, mais que les coupables agonisent dans un coin du jour qui se lève?
Électre : Demande au mendiant. Il le sait.
Le mendiant : Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s’appelle l’aurore.*
Fin d’année difficile en termes d’espérance. Dans l’actualité, les actions du gouvernement fédéral en matière d’environnement, de libertés individuelles et de démocratie sont venues prouver que le discours alarmiste des analystes de la montée de la droite en Amérique du Nord est pleinement justifié.
Ensuite, mon père a eu des problèmes cardiaques qui lui ont fait passer un long séjour à l’hôpital, essoufflé, fragilisé, vulnérable.
Enfin, je suis déçue de moi-même, qui ne me suis pas tenue aussi loin que je l’aurais voulu du Noël mercantile qu’on nous propose partout.
Et puis, j’ai reçu un très beau texte des activistes de Occupons Montréal, qui nous rappelle notre responsabilité et notre pouvoir dans ce monde bouleversé. Je suis si reconnaissante envers toutes ces figures d’espérance qui, aux jours les plus sombres, travaillent à faire advenir la lumière!
Et puis, il y a eu mes amies avec qui j’ai pu partager ma colère et ma tristesse. Mes amies qui, en quelques analyses et quelques éclats de rire, m’ont rappelé que je n’étais pas seule à porter tout cela.
Et puis, il y a eu les personnages de Lucie et Odile qui sont venus me dire qu’au plus sombre de la nuit, nous pouvons soit porter la lumière, soit recouvrer la vue pour mieux la distinguer.
Et puis, il y a ma fille qui attend Noël en chantant « Sainte Nuit », ses yeux d’enfant remplis d’étoiles.
Rien ne paraît encore; le jour est au plus court. Pourtant, nous savons que la lumière sera plus présente à partir d’aujourd’hui même. Elle s’installera en moi aussi, illuminant les valeurs que je veux vivre à Noël.
Au-delà des rencontres et des cadeaux, il y a cela: le jour qui point, comme un solstice, un enfant qui n’a encore rien dit ni rien accompli… Que de l’espérance.
La nuit de Noël, le temps est d’une qualité exceptionnelle. Cette nuit-là, le regard aiguisé par tant de noirceur, est sensible à la moindre étincelle, la plus petite lueur.
Et je me dis, avec Arundhati Roy: « Un autre monde est non seulement possible; il existe déjà. Les jours calmes, si vous écoutez attentivement vous pouvez l’entendre respirer.»
Je vous souhaite de très Joyeuses Fêtes,
Au plaisir de se retrouver le 10 janvier 2012
*Jean Giraudoux, Électre.
Cet article comporte 0 commentaires