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CC Doodlepress*

Je m’impose souvent d’être productive à la manière d’une machine. Comme mon mélangeur qui mélange sans faillir et à vitesse constante, tout le temps où il est en marche; comme le clavier de mon ordi qui obéit à mes doigts, sans jamais s’égarer ni se fatiguer.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir pris conscience de l’influence profonde qu’a exercée la technique dans la modernité; sans avoir compris à quel point ses performances ont subjugué les ingénieurs qui les avaient inventées. Je sais bien que cet étalon de mesure de nos façons d’agir, cette « perfection » qui nous est imposée comme un modèle, n’est pas compatible avec notre réalité humaine.

Quand je « produis », ce n’est jamais comme la ligne de montage d’une usine d’automobiles. J’ai beau faire un plan de travail, je suis incapable d’en suivre le fil avec la constance d’une machine.  Le temps est lâche, entrecoupé de vide; jamais serré comme un collier de perles.

Dès qu’il s’agit de mettre à contribution ma capacité d’analyse, de réflexion ou ma créativité, le chaos s’installe. En faisant le tour d’une question, mon cheminement part d’une vision d’ensemble floue qui peut se préciser presqu’à l’infini, plutôt que du point A d’un plan balisé par quelques étapes bien identifiées vers un résultat final.

De plus, je suis incapable de rester en place. De fait, quelle machine a besoin d’aller marcher, de bouger, pendant que le cerveau suis son parcours anarchique entre les aspects les plus divers d’une question?

« Sous quel angle aborder cet élément? Dans quel ordre présenter mon argumentation? Où irai-je trouver cette information? Que mangerons-nous pour souper? »

Nous pensons et agissons comme des vivants, c’est-à-dire en plein cœur du foisonnement de la vie. Nos idées, nos oeuvres, nos projets, ne sont pas les produits finis d’une machine; ils s’épanouissent, comme un jardin au printemps.

Voici qu’ici pousse déjà le lamier dont le feuillage a survécu à l’hiver. Tout à côté, nous ne voyons pas encore la tulipe qui, demain, se montrera la tête. Et ce plant d’astilbes qui a l’air mort, finira par revivre, plus tard.

Dans un jardin, tout jaillit de façon inégale, sans plan apparent, à divers endroits de l’espace et dans un temps qui lui est propre. Et un jour, tout est épanoui, harmonieux, complet… bien qu’encore vivant.

Nous avons été conditionnés à penser qu’il n’y a qu’une façon efficace de produire: systématiquement, avec constance, en employant également chaque minute. Comme une machine? Oui, comme une machine.

Or, nous agissons à partir du multiple et du divers, de ce qui est déjà là et ce qui ne l’est pas encore,  des faits avérés et des idées folles, du pragmatisme et de l’espérance, avec hâte et avec patience, dans la structure et le chaos.

Peut-être devrions-nous simplement accepter tout cela, ne pas le dévaloriser parce que ce n’est pas assez régulier, constant, linéaire, rationnel, systématique… Cesser de nous comparer.

Nous sommes vivants et en cela, dites-moi, qu’avons-nous à envier aux machines?

 

 

* La pièce s’intitule: JUST DEFY. We are all machines.

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